LA FOLIE JEAN MICHEL FRANK A PARIS

edito

Il est parti dans l'ombre et la solitude, se suicidant en mars 1941 à New York. Les années soixante dix consacrent sa redécouverte. Jacques Grange fut l'un des premiers à sauver de l'oubli ce maître de l'art décoratif français dont la cote ne cesse de flamber. Hier, chez Sotheby's, à Paris, à l'occasion de la première session de la vente aux enchères de la collection du décorateur, on a vu une lampe estimée 50 000 euros, s'envoler pour 285 000 euros. La fameuse boîte créée avec Margarita Classen Smith et Christian Bérard,  doublait son estimation basse  pour atteindre 87500 euros.  Une boîte de parchemin partait à 35000 euros, un gueridon pagode à 25 000. Quand à l'écrin du Coq d'Or (parfum Guerlain), il partit pour 27 500 euros, soit dix fois son estimation. Frank m'obsède, depuis Marie Laure de Noailles et depuis Yves Saint Laurent, mes deux premières biographies. Il est là, comme un personnage fantômatique et envoûtant, dont je retrouve la trace intacte, comme une présence, partout, entre mélancolie et lumière. Chez Guerlain, place Vendôme, où la nouvelle boutique a réouvert, dans la fidélité à l'originale des années trente (photo). Et en face, chez Schiaparelli, où les colonnes de plâtre réalisées par Alberto Giacometti, comme sa cage à parfums, les bibliothèques en bois peint, théâtrales, s'imposent comme les pièces à conviction d'une histoire sans fin.  Chez Baccarat (ex hôtel particulier de Marie Laure de Noailles), où dans le musée Jacques Grange a remis à nu les murs tendus de parchemin. Ce qui est merveilleux à dans une ville, et en particulier à Paris, c'est de dessiner ses parcours d'affinités, comme si les lieux vous appelaient par votre prénom. L'étrange y devient familier. J'adore.