LA MODE A T-ELLE ENCORE UN SEXE?

edito

Après le #balancetonporc lancé par une Française des Etats Unis, après la cérémonie des Golden Globes au cours de laquelle les actrices maquillées comme des camions volés ont cru bon se mettre toutes en noir pour afficher leur solidarité avec les femmes harcelées, une question demeure.. Et ni Azzedine Alaïa, ni Yves Saint Laurent ne sont là pour y répondre. La mode a t-elle encore un sexe? A la veille des défilés de haute couture du printemps été 2018, et tandis que pleuvent sur les écrans, les images des collections "pré fall 2018" on peut se demander ce qu'il en est de la séduction. Un défilé de "mode modeste" aura bien lieu à Paris.  Mais l'ombre de la retenue sororale est comme en train de tout rafler sur son passage.  Nous voici à l'heure des tartufferies chirugicalement correctes. On a des faux seins, des fausses dents, on a livré son âme et son corps à tant d'autres -agents, publicistes, chirurgien esthétique-, et voici qu'on s'indigne de toute la dépossession dont l'époque serait le support.  C'est du Sud que vient peut être un sursaut d' escapisme. Ou comment chez Valentino en l'occurrence, maison romaine certes dans le giron du Qatar, il est encore question d'hédonisme, de "clubbing", de mousseline animalière et de ruchés. Sans doute, à travers des mises en scène conventionnellement choisies et inspirées (merci Guy Bourdin….), voici une invitation faite aux femmes d'Orient de s'amuser entre elles comme dans un selfie de nuit dans les ateliers romains redimensionné en série mode?  Et à celles d'Asie de s'offrir un peu de dolce vita et d'excentricité dans le sillage de Gucci? L'imagination n'est guère à l'honneur et on revient aux standards de la femme bottée et couchée. Ou sont passés l'intelligence, le double jeu, l'art de définir la féminité autrement que dans la surexposition ou le chaste renoncement? Tout se passe comme si l'Amérique et ses nouvelles ligues de vertu imposait ses nouveaux codes, ceux qu'on verra sans doute poindre dans les grandes capes de Maria Chapdelaine, et les atours policés d'une mode sous double influence: le communautarisme d'un côté, le "totalitarisme féministe" dénoncé par la brillante Elisabeth Levy (www.causeur.fr) de l'autre, avec son cortège de "celles et ceux" et d'uniformes annoncés. Et ce au moment, où face aux accusations lancées par 15 modèles à l'encontre de Bruce Weber et de Mario Testino, Conde Nast a annoncé ne plus travailler avec les photographes au nom d'un "nouveau code de conduite", tandis que le MET s'apprête à organiser une exposition consacrée à la mode catholique. Seigneur, are we dreaming?  

photo: collection pré-fall de Valentino