MARNI EN MODE EXCENTRIQUE

Marni

Peut on a la fois défendre un point de vue et affirmer qu'il n'y en a plus? Peut on en même temps dire aimez ce que je suis, et revendiquer la chaise vide?  Ou plutôt celle qu'on dissimule sous une accumulation de tout?  En octobre 2016, Consuelo Castiglioni annonçait son départ de la maison dont elle était la directrice artistique depuis plus de vingt ans. Son successeur, Francesco Risso, a donc présenté son premier défilé maison, sur le mode "singulier" qu'il fait bon déféndre ces temps ci, tant Alessandro Michele chez Gucci fait souffler un vent d'excentricité sur la mode italienne. Le problème, c'est que personne ne peut s'improviser Iris Apfel. Et qu'à tout conjuguer sur le même mode, on finit par dissoudre une identité. Consuelo Castiglioni ne cherchait pas a être différente, elle l'était, tant par ses imprimés que par ses formes, ses associations de couleurs. Le danger de la peacok attitude est qu'en déteignant elle perde non pas ses couleurs, mais son âme, et s'épuise en circonvolutions poilues, hirsutes, criardes, qui finissent par rendre plus visible la parodie, en revendiquant au contraire, sur le thème "Be1ings", la "créativité personnelle", la "multiplicité".  Le divertissement, nouveau cliché? "I am everybody" souligne le programme, au nom du collage, du morphing que les silhouettes carnavalesques racontent avec effusion.  Le problème, n'est ce pas en cherchant précisément à être "tout le monde" qu'on finit par devenir personne?