Le cas Weiner à l’écran

Le magnifique documentaire de Josh Kriegman et d'Elyse Steinberg met l'Amérique à nu.

Le générique annonce la couleur, avec une phrase de Mac Luhan: “Le nom d’un homme est un drame dont il ne pourra jamais se remettre”. Weiner ou l’histoire d’un échec, ou la chute prodigieuse d’un candidat filmé de bout en bout par deux prodiges: Josh Kriegman et Elyse Steinberg. La réalité dépasse la fiction. Caméra au poing, les voici en immersion, allant de l’intimité à la vie publique avec une agilité qu’on aimerait retrouver en France…Il a été élu à la Chambre des représentants de la neuvième circonscription de New York, de 1999 à 2011. On le voit d’ailleurs au début dénoncer les Republicains bloquant la procédure d’indemnisation des victimes du 11 septembre… Mais il dérape. Le 16 juin 2011, à la suite d’un sexting, -l’envoi notamment d’une photo montrant son caleçon bombé-, il doit abandonner ses ambitions… Acte manqué? En 2013, il postule à nouveau, le voici en tête dans la course à la mairie de New York.. Il revient. NY lui donne une seconde chance. Magie de la ville où tout est éternement nouveau et possible. Son épouse, Huma Abedin, le soutient. On dirait Amal Clooney avant l’heure. Ils forment un couple parfait, elle, la belle Orientale née dans le Michigan, d'un père indien et d'une mère d'origine pakistanaise, lui le jewish kid de Brooklyn, paradant en chino Gap dans les rues de Big Apple pendant la Gay Pride. Ils ont tout et ils vont tout perdre. Dans l’Urban Dictionary, Weiner signifie vulgairement pénis. Pourquoi a t-il accepté de se laisser filmer? A cette question, le réalisateur répond: “Il voulait être plus qu’un running gag.” Aujourd’hui, Weiner élève son fils tandis que sa femme a retrouvé Hillary Clinton, dont elle est la directrice de campagne. A travers ce documentaire présenté à Sundance en janvier 2016, le duo Kriegman / Steinberg, révèle l’Amérique dans ce qu’elle peut avoir de plus authentiquement puritain. Une mise à nu radicale des phobies d'un pays obèse de ses peurs, où les tabous ont tout infiltré, rue, médias, voisins, politique, réseaux sociaux.  Lors de la projection, certains spectateurs se sont inquiétés de n’avoir vu aucun scandale. Il est vrai qu’en France, on peut s’étonner d’un tel choc médiatique, ne s’agissant que de tweet et d’une “relation pornographique virtuelle”.  L’homme dont le surnom est “Carlos Danger”, victime d’un véritable lynchage médiatique, n’est plus qu’une ombre. Il pourrait aussi revenir. The show must go on. “Avec tout ce qui se passe aujourd’hui, il n’y a plus aucune règle” assure Kriegman.

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