David Belugou: faste et flamboyance

Actuellement à l'affiche au Théâtre de l'Oeuvre, "Le Misanthrope" de Molière est réinterprété dans sa version d'origine par Michel Fau. Entre codes historiques et détails baroques, les costumes de David Belugou révèlent à la lumière une relation tumultueuse sous fond de drame.

Avez-vous les pieds sur terre ou la tête dans les étoiles?
Mon métier se veut concret et je suis à la fois Taureau et épicurien. Ce sont les plaisirs de la vie qui m'inspirent des rêveries, non l'inverse. Je dirais donc que j'ai les pieds sur terre.

Vous avez également travaillé pour le cinéma ou la télévision. Y a-t-il une différence dans la manière d'aborder ce domaine par rapport aux autres?
Non, pas vraiment. On fait appel à moi pour mon côté baroque, je crée toujours des volumes imposants, historiques, donc j'aborde chacun des supports de la même façon.

Dans quelle mesure les costumes du Misanthrope reflètent les codes du XVIIème siècle?
Toute la construction du vêtement, des paniers aux corsets, respectent les codes de l'époque à la lettre, le reste est stylisé. Je travaille avec Michel Fau, le metteur en scène, depuis maintenant 10 ans. On parle de cette pièce depuis presque 5 ans. Il me comprend parfaitement, j'ai une liberté incroyable. Je pars toujours du texte, et pour cette pièce, je me suis inspiré du jeu des acteurs de la Comédie Française et de l'œuvre de Christian Bérard.

Comment, étape par étape, se montent les costumes d'une telle pièce?
Je commence par le dessin. Je suis très réaliste en illustration, je vois directement les matières et la construction. Une fois que les maquettes sont validées, l'atelier commence les patronages, les toiles et essayages avant d'attaquer le tissu. Je travaille avec l'atelier fbg2211, créé en 2002 par Jean-Michel Angays et Stéphane Laverne. Ce sont de vrais professionnels qui ont notamment travaillé sur la publicité Miss Dior ou encore le spectacle Mugler Follies. Une fois que les costumes sont prêts, nous prenons une journée entière et nous faisons défiler les costumes sur scène. Michel est l'un des derniers a vraiment prendre le costume au sérieux.

Vos costumes réflètent-ils la psychologie des personnages?
Totalement! Les matières, les couleurs, les formes, tout cela a un rapport, ce n'est pas juste esthétique. Julie Depardieu, dans le rôle de Célimène, arbore une robe noire qui représente son état de deuil par rapport à sa vie. Au contraire, Michel Fau, dans le rôle d'Alceste, est exubérant, à la limite du ridicule tout comme son personnage.

La légende dit que le vert serait maudit au théâtre, suite à la mort de Molière après une représentation du "Malade Imaginaire" vêtu de vert. Croyez-vous à cette superstition?
Non, pour la simple et bonne raison que je suis loin d'être superstitieux. Je trouve que c'est une belle couleur. À chaque fois que je l'utilise, cela a un impact incroyable. Je ne m'en lasse pas.

Vos prochains pas?
"L'enlèvement au Sérail" de Mozart, mis en scène par Tom Ryser à l'Opéra de Fribourg en décembre 2014.

Un rêve de costume?
Pouvoir travailler sur un ballet comme "Le Lac des cygnes".

Propos recueillis par Jean Privé

"Le Misanthrope" mis en scène par Michel Fau jusqu'au 28 mars 2014 au Théâtre de l'Oeuvre, 55 rue de clichy 75009 Paris. Theatredeloeuvre.fr

 

david_belugou_a_udaipur.jpg Portrait de David Belugou