frédéric Malle. « Les parfums sont un travail de l’esprit »

Avec son nouvel opus parfumé créé pour Dries Van Noten, Frédéric Malle célèbre un cabinet de curiosités flamand, refuge olfactif de l'enfance, des gaufres et autres spéculoos sublimé par la présence du bois de santal. Rencontres douces sous le soleil d'Anvers, signées par Bruno Jovanovic. Douze ans après la création des Editions de Parfums, un coup d'éclat et d'élégance.

Vanille et musc, safran et patchouli, comment définissez-vous ce parfum créé pour Dries Van Noten?
A l'image du travail de Dries, c'est un mélange de matières et de couleurs, lesquelles à priori ne sont pas faites pour cohabiter. Certaines d'entre elles ne sont pas très élégantes, mais mises ensemble, dans l'ordre et dans les proportions que nous avons choisies, elles semblent une évidence. C'est un parfum d'une sensualité calme. Un parfum dans lequel on rentre sans peur et qui de façon un peu insidieuse ne vous laisse pas sortir tant il est addictif.

Qu'est-ce qui vous enivre le plus dans votre métier?
Une séance de création avec un bon parfumeur, quand on tient une idée que l'on fait éclore.

Ce qui vous met l'eau à la bouche?
Plein de choses, étant très gourmand de nature ! Dans le cas du parfum de Dries, le mélange de santal, de vanille, de safran et de baume du Pérou, c'est cette partie-là de l'accord dont je suis dingue.

Votre parfum de chevet?
Portrait of a Lady.

Votre odeur favorite à l'heure présente?
Le santal de Mysore (le vrai, le bon…)

L'arme de séduction absolue en matière de parfum? 
Une femme portant le parfum qui lui correspond. Chacun doit avoir son arme.

Celle qui pourrait vous réveiller à l'autre bout du monde?
Le morceau d'un parfum que l'on n’arrive pas à trouver. Le petit truc qui va faire d'une odeur banale un chef d'œuvre. Voilà ce qui qui m'empêche de dormir de parfums en parfums.

Comment créez-vous à New York dont on dit qu'elle est une ville sans odeur?
Mais il y a plein d'odeurs à New York ! Souvent de mauvaises odeurs d'ailleurs, surtout l'été, mais New York est une ville au bord de l'océan où l'air est très correct….. Je crois par ailleurs qu’à Paris ou à New York les bons parfums se composent dans des laboratoires qui sentent tous pareils. Les parfums sont un travail de l'esprit. Il faut avoir accumulé des odeurs dans sa tête et ensuite avoir assez d'imagination pour en inventer d'autres, comme un peintre qui a une culture visuelle pour base et qui s'en sert pour faire ses images. L'important c'est le talent des parfumeurs et la qualité des matières premières qui sont à leur disposition.

Comment imagineriez-vous un parfum Stiletto?
Plein de couleurs ! Stiletto est un monde qui se réinvente tout le temps.

Propos recueillis par L. B.

flacon-malle.jpg Flacon Frédéric Malle pour Dries Van Noten