Jeff Mills gets high

Pionnier de la musique techno, il a révolutionné l’idée de mix en utilisant simultanément trois disques sur trois platines différentes. Jeff Mills revient ce vendredi à la Machine du Moulin Rouge pour la seconde édition de Time Tunnel: un voyage en sons et en images le long de l’évolution de la dance music, en 5 séquences qui vont durer toute la nuit, de l’ouverture du Studio 54 à l’année 5005 sur la planète Neptune… A cette occasion, "The wizard" répond aux questions de Stiletto.fr

L’événement Time Tunnel est une odyssée sonore et visuelle. Si vous pouviez voyager dans le temps, ou iriez-vous?
Je voyagerais dans le futur. Peut-être dans l’année 50.000, vers un temps ou les humains pourraient avoir évolué au-delà de leur structure physique. Un temps qui serait perçu dans plusieurs dimensions.

Time Tunnel a été inspiré par une spirale hypnotique qui associe musique, images et performances. La dernière fois que vous avez été hypnotisé par quelque chose?
Je n’ai jamais été hypnotisé, mais très souvent fasciné. Par exemple, la première fois que j’ai vu le Grand Canyon, en Arizona, fut une expérience extraordinaire. La vision de choses à très grande échelle a tendance à avoir un effet sur le mental. Pour ces raisons, je m’intéresse très souvent aux événements organisés dans le Grand Palais, et dans d’autres lieux de cette envergure.

Votre dernier choc esthétique?
J’ai ai été récemment impressionné par l’exposition "Dynamo" au Grand Palais. Les travaux de Victor Vasarely ont inspiré beaucoup d’idées de son sur des projets que je prépare en ce moment.

Quel chemin suivez-vous?
Celui qui est connecté à la rotation de l’univers, du système solaire et du cycle de vie de la Terre. Les étoiles et leur importance ont toujours eu de l’influence sur moi.

Ce qui vous permet de garder les pieds sur terre?
La réalité. Depuis le jour de notre naissance, nous veillissons et sommes sur le déclin. Jamais la vie ne se suspend afin de se prolonger. Cette constatation me permet d’apprécier ce que je suis capable de faire, dans le temps qu’il me reste.

Votre talon d’Achille?
Je ne sais pas, je ne l’ai pas encore trouvé. J’ai toujours essayé de garder une perspective réaliste sur l’industrie de la musique, ainsi que sur ma capacité à produire et à jouer. Avec le temps, j’ai réalisé qu’au-delà de tout, ma relation intime et privilégiée avec la musique est la seule qui ne peut être altérée.

Après quoi courez-vous?
Plus de temps

Votre pied-à-terre?
Depuis que j’ai quitté Detroit au début des années 1990, je n’ai jamais pu déterminer cela. J’ai vécu dans de nombreuses villes, mais aucune, pour l’instant, n’est synonyme de foyer.

Vos prochains pas?
J’ai de nombreux projets. Je travaille notamment à une performance pour la Fondation Vasarely, à Aix-en-Provence, prévue en novembre: un projet autour des exoplanètes, qui traduit les données scientifiques en aspects sonores , chorégraphiques ou visuels. En juillet, une pièce, „The Gateways“, avec Raphaelle Delaunay“ sera montrée à Marseille dans le cadre du Mimi Festival. En octobre, est programmée une autre pièce avec Emmanuelle Huynh, à la Gaité Lyrique, à Paris. Ainsi que des concerts, avec orchestre, en juillet à Porto, puis à Rennes et St. Brieuc en octobre. Enfin, je viens de terminer un album,‘‘The Jungle Planet“, qui sort en juillet. Et je suis en train de travailler avec la réalisatrice Jacqueline Caux.

Propos recueillis par Karine Porret

Time Tunnel, en partenariat avec Stiletto, le 31 mai 2013 de 23h à 6h à La Machine du Moulin Rouge, 90 boulevard de Clichy, 75018 Paris.
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