MATTIA BONETTI : « CE QUI M’ÉLÈVE ? DES MOMENTS ÉMOUVANTS DÉTACHÉS D’UNE RÉALITÉ MATÉRIELLE, SUSPENDUS »

Comment avez-vous conçu cette exposition ?

Comme toujours en matière de « mobilier » , l’idée est de répondre aux différentes fonctions : s'assoir, poser, manger, ranger, éclairer,  etc… Puis j'ai voulu travailler cette idée de dehors/dedans où le mobilier peut passer  de la maison vers l'extérieur et vice versa, d'où le choix du rotin/bronze. Ensuite il y a un aspect indéniablement sculptural qui m'est indispensable parce qu'il donne un sens poétique à la manière dont on habite, même si (justement) cela confine avec le superflu(à ne pas confondre avec le superficiel).

Pourquoi New York plutôt que Paris ?

New York parce que j'ai un très bon rapport avec mes galeries, que j'y ai un large public de clients collectionneurs, décorateurs, beaucoup plus libres en matière de goûts. Les anglo-saxons ont toujours adhéré et soutenu fortement mon travail.. Ceci dit, cela ne m'a pas empêché de faire une expo à Londres (David Gill Gallery) en juin 2012 et une autre à Paris(galerie Italienne) en décembre 2012.
 

Vous avez fait partie des premiers à exposer et à vendre des pièces uniques de mobilier chez Néotu à Paris, au début des années quatre vingt. Comment analysez-vous le succès remporté par de telles pièces aujourd'hui ? 
Je pense, en effet, que nous avons été les premiers à travailler de cette manière, et bien avant que Néotù ne voit le jour, avec d'autres. Et puis, avec eux. Je crois qu'on avait et que j'ai toujours une approche "artistique" du design, et que les collectionneurs d'art étaient ainsi en terre connue, que cela se confondait parfaitement bien avec leurs oeuvres d'art. Et puis, les petites éditions et à fortiori les pièces uniques sont des oeuvres rares, certaines sont même rentrées dans les collections publiques et parfois deviennent des "classiques".

Pourquoi nommer un sofa de pierre Pompei en 2013 ?  

Parce que la région qui-en gros va de Rome à Naples est faite de travertin, et que mes deux matériaux(travertin + bronze) y sont utilisés depuis les temps anciens…c'est aussi un rappel à l'italianité, la latinité, et par là à la Grèce antique. Beaucoup de meubles étaient alors pas "mobiles" et fabriqués en pierre(et en bronze). Ils avaient une place bien déterminée et fixe dans l'espace domestique.
 

La dernière folie que vous a commandé un collectionneur ?

Je suis en train de dessiner une applique lumineuse murale qui se déploie aussi sur une partie du plafond et qui mesurera environ seize mètres de long! Peut-on appeler cela une folie?
 

Un rêve de pied à terre ? 
Je ne saurais…peut-être un grand salon, à Venise, avec des stucs et des fresques sur les murs et les plafonds ?

Ce qui vous élève par dessus tout? 
Ce qui m'élève, ce sont des moments, fugaces, où je me retrouve, seul, en train de dessiner.Il y en a d'autres, fugaces aussi, où je me trouve dans la nature, en train de marcher.
Et puis, d'autres, en écoutant de la musique ou en regardant un tableau, une sculpture.