Natacha Atlas:  »parfois j’ai envie d’être en talons, parfois pieds nus et en liberté! »

Chanteuse belge d’origine anglo-égyptienne, Natacha Atlas est la voix cultissime d’un Orient mosaïque qui métisse pop et rap, classique et variété. En 2013, elle participe avec Samy Bishai au Ballet "Les Nuits" d’Angelin Prejlocaj, présenté à Créteil cette semaine, rêve sonore et absolument envoûtant. Au même moment, Natacha Atlas, sort un nouvel album en collaboration avec Mazeeka Records, produit par Christian Louboutin et distribué par Harmonia Mundi.

Vous avez dit un jour: "C’est difficile de préciser où je veux vivre. Quand je dis Ana Hina, ça veut dire : je suis là avec ma musique pour exprimer mon identité, une dualité – ou plutôt trialité – entre toutes ces cultures. Arabe, et en Angleterre, on est jamais assez bitish. Lorsque je dis que j’ai des origines orientales et que je chante en arabe, je vois les portes et les visages se fermer aujourd’hui encore." Sur quel pied dansez-vous aujourd’hui ?
"Sur ce sujet, un écrivain a dit: le plus intéressant quand tu as la chance de posséder plusieurs cultures c’est que transparait alors l’existence d’une nouvelle culture qui émerge de ce dilemme : "third culture dynamic". Comme il l’a nommé, j’ai trouvé cela véridique. Samy Bishai Anglo-égyptien, avec qui je travaille vit la même expérience. Le chemin que nous suivons ensemble, comprend, utilise, arrange nos deux culture simultanément, ainsi se révèle ce troisième nouveau chemin interactif. Je pense que c’est plus positif de regarder cet angle, de mettre à profit cette nouvelle énergie plutôt que d’opter pour une attitude négative. Il est temps de regarder l’effet bénéfique, passé deux générations, d’une grande ouverture sur le monde.

A qui avez-vous envie de donner un coup de talon en ce moment? 
A tout ce monde financier sans scrupule.

Qu’est-ce qui, en regardant les danseurs d’Angelin Prejloaj , vous a le plus inspiré ?
La chorégraphie de couple fut pour moi particulièrement émouvante. J’ai trouvé que la ligne, la trace des corps dans l’espace vibrait avec force, beauté et harmonie. La chorégraphie d’Angelin décrit un espace unique, personnel qui m’émeut.

Comment entretenez-vous votre voix ?
Je fais des gammes et des exercices quotidiennement comme une discipline.

Un rêve d’Orient, pieds nus ?
Sous un ciel d’été, allongée dans l’herbe, à l’heure où la chouette hulule, j’entends les étoiles me confier le chant d’un Orient fatigué, malmené et j’ose cependant croire aux retours des odeurs de Jasmin, des couleurs aux rues des villes et villages apaisés, aux chants cristallin sur les courbes d’un désert mystérieux, pouvoir un jour prochain de mes pieds nus fouler ce sable fin !!

Chantez-vous mieux avec des talons ?
En talons ou pas, quand on chante, on est dedans, on ne se rend de compte de rien. Pour moi, chanter est un moment d’extase. A vrai dire, être en talons dépend de mon humeur, du moment. Parfois j'ai envie d'être en talons, parfois pieds nus et en liberté.

De quand date votre rencontre avec Christian Louboutin, et que représente-t-il à vos yeux aujourd’hui ?
J’ai rencontré Christian Louboutin 15 ans auparavant à Cairo. C’est un homme particulièrement sensible, avec un sens artistique très développé. Il est aussi très ouvert aux idées nouvelles, il a une réflexion et des points de vue très intéressants sur la culture, sur la vie, l’art etc… Il a aussi toujours eu une profonde admiration pour l’Egypte et fut très élogieux sur ma musique. Il a récemment utilisé une de mes chansons pour son « Crazy Horse Project » et ce fut un grand succès. J’aime Christian, c’est un homme très aimable et très gentil.

Ce qui vous élève par-dessus tout ?
La musique et la vue d’un splendide coucher de soleil à la tombée d’une chaude journée d’été. Et aussi les talons !

Propos reccueillis par L.B

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