JOHNNY HALLYDAY par YVES SAINT LAURENT

Edito

Il veut la foudre et l'éclair, l'odeur de poudre, le tonnerre" lit on dans le magnifique Paris Match consacré à Johnny.. Je ne peux m'empêcher de penser à Yves Saint Laurent qui lui dessina ses tenues de scène pour le Palais des Sports en septembre 1971. Dans ces croquis que conserve le Musée Yves Saint Laurent Paris, on retrouve aussi l'âme de celui qui voulait "faire danser les diables et les dieux". Un autre allumeur de feu. Celui qui admirait dans le chanteur sa capacité physique à se battre, et dont les muscles saillants sous une combinaison cloutée de diamants, ou un blouson brodé de flammes, révèlent l'énergie solaire. Deux icônes. Deux parcours qui se frôlent et ne se sont jamais quittés. Johnny le militaire et Yves Mathieu Saint Laurent le réformé. Celui qui conduit les choeurs dans les chansons de marche et celui qui fera du vestiaire militaire son abécédaire. Johnny le blouson noir et Yves Saint Laurent qui fait scandale chez Dior en lançant son premier vêtement éponyme en crocodile (1960). Johnny qui fait rêver son fan club "Plus d'une fille souvent me guette/ Quand soudain s'éteignent les proecteurs/ Soudain sur moi elles se jettent/ Mais pas une dans son coeur". Et Saint Laurent auquel les femmes s'adonnent. Johnny et les minettes du Golf Drouot. Saint Laurent et les hommes du Sept, fous dansants d'une France dont ils célèbrent en mode déjanté la grandeur. Deux bêtes de scènes. Deux caméléons version rockeurs de cuir, cheveux longs West Coast, quand "Jésus fume de la Marie Jeanne" et qu'YSL pose nu dans l'objectif de JeanloupSieff en 1971.Johnny incarnait un idéal de puissance érotique pour Yves Saint Laurent, tout ce qu'il exprimera encore dans sa fascination amoureuse pour Jorge Lago, Rudolf Noureev en les habillant de nu. Aec son costume de feu et sa peau de pierres, Johnny demeure dans ces croquis la créature à laquelle toute la France dit ce matin "Que je t'aime".

(Croquis Musée Yves Saint Laurent Paris)

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