Georges Chevalier: l’architecte de la lumière

2014, année des 250 ans de Baccarat que consacre une exposition au Petit Palais cet automne, confirme la force d’un savoir faire, autant que d’un style. De l’Horloge Soleil au parfum Rouge540 édité à 250 exemplaires à partir d’un dessin de l’artiste, Georges Chevalier a donné à la cristallerie la puissance d’un rêve. Collector et ultra-contemporain.

Né la même année que Jean Renoir, Rudolf Hesse, Louis-Ferdinand Céline et Édouard VIII, Georges Chevalier (1894-1987), fait partie des célèbres inconnus de l’histoire. Diplômé de l’École nationale des arts décoratifs en 1913, il a commencé à travailler avec Baccarat en 1916, pour y finir sa carrière au début des années 1970. Un parcours. Une vie de lumière. De l’Horloge Soleil rééditée par Baccarat en 2014 à l’occasion des 250 ans de la cristallerie, à la coupe Trocadéro, Georges Chevalier marque, par la pureté de son trait, par le dépouillement de ses volumes, le lien entre l’héritage du xixe siècle et le dynamisme des temps modernes. Quoi de commun entre le service Caravelle, aux bateaux et ancres gravés à la roue (1930), et Bain d’œil, un verre à Bordeaux également dessiné par Georges Chevalier et présenté à l’Exposition universelle de 1937 ? À la netteté des contours s’ajoute cette imperceptible singularité, nourrie d’intuition, de sensibilité, d’un art du détournement : Georges Chevalier n’hésite pas à s’inspirer du passé, un ustensile destiné à baigner les yeux de solution médicinale (et réalisé en cristal par Baccarat en 1878) pour créer de l’intemporel, une paraison de forme boule collée à chaud sur une jambe et un pied rectangulaire en cristal moulé et taillé, d’une rigueur telle qu’elle défie le temps.

Il fut le premier à créer un bijou pour Baccarat. C’était en 1933. Il faudra attendre 1992 pour que le bijou fasse l’objet de collections au sein de la cristallerie. « C’était un visionnaire. Il avait le sens du dessin et de la mise en forme », affirme Janine Bloch-Dermant, qui l’a rencontré dans les années 1970, alors qu’elle faisait ses débuts chez un commissaire-priseur : « À l’époque, chaque jour, des personnes âgées apportaient dans des paniers des modèles signés Gallé enroulés dans des chiffons. » Elle sera la première à consacrer un ouvrage au maître verrier. À propos de Georges Chevalier, rencontré chez Baccarat, rue de Paradis, elle insiste sur « l’extrême modestie de l’homme » et son extraordinaire capacité « à mettre en forme des volumes animés et intemporels ». Laurence Benaïm.

La suite à découvrir dans le dernier numéro de Stiletto automne-hiver 2014/2015 actuellement en kiosque. 

"Baccarat: la légende du cristal" du mercredi 15 octobre 2014 au 4 janvier 2015 au Petit Palais, avenue Winston Churchill 75008 Paris. Petitpalais.paris.fr

302486243.png Coupe Trocadéro, Georges Chevalier,
présentée à l’Exposition internationale des Arts décoratifs, 1925 ©Patrick Schüttler

255211626.png Horloge soleil : Cristal massif. Réédition de l’Horloge Soleil par Georges Chevalier datée de 1948, reprenant le motif du Roi Soleil ornant les grilles du château de Versailles. Edition numérotée et limitée à 25 exemplaires.

capture-decran-20141013-a-130013.png – Archives de flacon – Dessin original du flacon réédité pour R540, 1942 © Archives Baccarat

capture-decran-20141013-a-130026.png Pavillon Baccarat Christofle, Exposition des Arts Décoratifs, 1925

georges-chevalier.jpg Portrait de Georges Chevalier