Jennifer Flay:  »Je n’imagine pas ma vie sans les artistes »

Rencontre avec Jennifer Flay, directrice artistique de la FIAC depuis 2003.

Que représente pour vous la 40è édition de la FIAC?
Jusqu’à présent, seules Cologne et Bâle, ont pu célébrer leurs quarante ans. Cet anniversaire est une étape, d’autant plus importante pour moi, qu’elle correspond aussi à dix ans de direction artistique de la Fiac. Je suis entrée en scène au moment où la Fiac était au plus bas. En tant que galeriste, je m’en étais retirée. La Foire avait perdu son lustre. Elle l’a regagné. Ce qui fait sa force absolue, c’est la qualité des exposants et des artistes qu’ils présentent. C’est sa résonnance auprès du public et des professionnels de l’art, qu’il s’agisse des conservateurs et des critiques.

L'art est devenu mondial, comment concilier cette globalisation, et les "multinationales" de l'art, avec une quête sincère de la beauté, une exigence de qualité? 
Je crois sincèrement que même si Damien Hirst, Jeff Koons, Murakami apparaissent parfois aux yeux du public comme des marques, ces personnes sont impliquées dans leur travail créatif, avec une grande sincérité. Ces artistes ont des aspirations, des rêves. De plus, aucun artiste n’échappe à l’effroi de se montrer. Son engagement est toujours total et cela n’a rien à voir avec le marché. Les chiffres, aussi spectaculaires soient-ils, n’enlèvent rien à cette quête d’absolu. Il faut respecter l’exceptionnel.

Votre dernière acquisition, en tant que collectionneuse?
Une œuvre en série illimitée de Danh Vo (1). Il s’agit de la retranscription par son père, d’une lettre d’un jeune condamné à mort. Vous la recevez par courrier.. J’aime ce que cette oeuvre me dit par rapport à l’identité, la vie et la mort…

Qu’est ce qui fait selon vous la qualité première d’un artiste?
Une manière de répondre, comme Felix Gonzales Torrès, "je veux une voix, pas une carrière".

Comment vous imaginez-vous, et vous projetez-vous dans dix ans?
Je travaillerai dans l’art, avec des artistes. Je n’imagine pas ma vie sans lui, sans eux.

(1) Prix Hugo Boss 2012, Danh Vo, artiste d’origine vietnamienne né en 1975, est le lauréat du Prix Hugo Boss 2012. Après le Musée d’Art moderne, le Guggenheim Museum de New York, lui a consacré une exposition au printemps dernier.

Propos recueillis par Laurence Benaïm. Une interview à retrouver, dans son intégralité, dans Stiletto automne 2013, spécial 10 ans, en kiosque actuellement.