LE RENDEZ-VOUS: LE MANIFESTE DE RICHARD PEDUZZI

À contre-courant d’une autobiographie, "Là-bas, c’est dehors", que publie Richard Peduzzi chez Actes Sud cet automne, est d’abord un manifeste. « Le reflet, l’ombre projetée de ce que je vois, de ce que j’ai vécu, de ce que j’aperçois… »

Il a été pendant plus de quarante ans le complice de Patrice Chéreau, le premier décor étant celui de Dom Juan en 1968… Peintre, scénographe, Richard Peduzzi défend à travers son métier le point de vue d’un humaniste, celui dont Michel Foucault admirait les « grandes architectures immobiles, des rochers droits comme des ruines éternelles, des roues géantes que rien ne saurait faire tourner ». Au cœur des forêts de la Tétralogie de Wagner, comme sur les scènes de Luc Bondy, pour lequel il signe l’hiver prochain les décors d’Ivanov, au Théâtre de l’Odéon, Richard Peduzzi possède l’art suprême de l’essentiel. Rien chez lui d’illustratif, le propos se condense en lignes de force, nourries par la connaissance intuitive de la beauté, cette manière, comme il l’explique, de « battre les époques entre elles, comme on bat les cartes, pour en faire jaillir une ». Dans son livre, il s’est attaché à évoquer « convictions, obstacles, périples, aventures nourries par la chance et le hasard ». Un parcours semé « d’esquisses de mots » dont les chapitres sont le bouleversant prolongement, tant la scène se révèle être le miroir intime d’une enfance jusque-là plongée dans l’obscurité. Pour celui qui a toujours considéré ses écrivains préférés (Faulkner, Maupassant, Camus) comme des peintres, l’exercice de style dépasse le stade de la confession et du souvenir, pour emprunter le chemin de tous les possibles. Rejoindre de la transmission, d’une vie nourrie d’interrogations qui interpelleront chaque lecteur. À la question « Quel est votre rêve absolu ? » Richard Peduzzi préfère répondre par une phrase d’Aragon qui sonne comme une maxime : « Qui a le goût de l’absolu renonce à tout bonheur ». Il a été pendant plus de quarante ans le complice de Patrice Chéreau, le premier décor étant celui de Dom Juan en 1968… Peintre, scénographe, Richard Peduzzi défend à travers son métier le point de vue d’un humaniste, celui dont Michel Foucault admirait les « grandes architectures immobiles, des rochers droits comme des ruines éternelles, des roues géantes que rien ne saurait faire tourner ». Laurence Benaïm.

La suite de l'article à découvrir dans STILETTO automne-hiver 2014/2015 en kiosque actuellement.

Là-bas c’est dehors de Richard Peduzzi, 304 pages, 250 iconographies, Actes Sud. Actes-sud.fr

capture-decran-20141014-a-104007.png Dessin de Richard Peduzzi pour le décor De la maison des morts de Leoš Janáček, sur pochette d’avion Air France, 2007.

capture-decran-20141014-a-103951.png Dessin de Richard Peduzzi pour le décor d’Elektra de Richard Strauss, 2013