LALA LAND OU LE TRIOMPHE DU GNAN GNAN
Lala Land
Deux heures huit, tout public, treize nominations pour les Oscars: Lalaland, le dernier film de Damien Chazelle, fait partie des favoris de la cuvée 2017. On nous en avait tant parlé. On avait tellement aimé Whiplash. Mais là, le jazz en version spot pour les Mutuelles du Mans, non merci. Désolés, nous n'avons pas détesté. Pire. Nous sommes restés totalement à côté. De la première choré aux couleurs lessivières sur la highline, avec casting de danseurs Omo Benetton. Du dîner d'amoureux arrosé d'eau claire, histoire de ne pas faire tâche en plein vol, où le film est sans doute déjà programmé. Des scènes d'amour aussi proprettes qu'Emma Stone sortant de sa douche enroulée d'une serviette de bain grand format et rose. De la tiédeur des relations amoureuses. De l'improbable Ryan Gosling, en Swann de la blue note, commençant pauvre et passionné de Monk et de Parker, et finissant riche et single, en train de se faire frire ses nuggets. De la party ratée au bord de la piscine. Du consensualisme de drugstore. De l'absence d'humour à tous les étages. Billy, Woody, Lubitsch, Sellars where are u? Non nous n'avons pas succombé à cette mélancolie chimiquement correcte, remixant les images de Capra et de Demy à la sauce gluten free. De tout ce cinéma pour la plus inodore et des comédies hollywoodiennes jamais vues. Ah la robe jaune de Tara Jarmon! Ah que les étoiles sont basses quand elles clignotent dans une boule à neige! Il y a pire que la bêtise, c'est la sottise, car sans doute celle ci s'arme de prétention. Il y a pire qu'un mauvais film, c'est l'aura dont il bénéficie, tant dans ce nuage de compliments, où se noient les imitations et les parodies (la plus pathétique, celle du photographe Richard Avedon), dans un concert gnan gnan d'applaudissements pré enregistrés.