Le bal cosmique de Dior

Sous la houlette de Maria Grazia Chiuri, transfuge de Valentino, et qui signe son premier défilé pour la maison du 30 avenue Montaigne, le New Look se revisite en mode escrimeur, sylphide, gracile.

Du tulle, de la mousseline de soie, des grands jupons  aussi légers que l'air traversé de chimères. Etoiles d'or, courbes languides, souffles de crinolines, comme des bulles d'air brodées autour des corps de jeunes filles en apesanteur.  Les inspirations? Le street wear, la danse, le sport, l'escrime, la boxe, le combat, mais en mode arachnéen, des bretelles élastiquées retenant quelques grammes de mousseline…. Maria Grazia Chiuri signe des silhouettes-plume avec une grâce toute particulière.  Pour son défilé inaugural en février 1947, Christian Dior avait fait parfumer ses salons du 30 avenue Montaigne, du parfum Miss Dior.  A l'orée de l'anniversaire que s'apprête à célébrer la maison, nulle trace de nostalgie, de vieux songes évanouis. Mais plutôt un charme, une douceur, une manière de tracer des lignes sans rien appuyer, même lorsque le crêpe georgette voisine avec le cuir noir, que les matelassages et les attaches empruntés à l'abécédaire des bikers, flirtent avec les songes d'un Bérard, sur le thème "Le Soleil", "le Diable", "l'Arcane Sans nom", "La lune", "l'Amoureux". Le jeu de cartes s'envole, le tarot s'offre un tour d'illusion, le rock se berce d'un air de harpe.  Voici les escrimeuses métamorphosées en sylphides, prêtes pour un bal cosmique  On reconnait l'expérience de la professionnelle italienne, consciente des enjeux commerciaux qu'elle ne traite pas à la légère: le caban, la veste noire, le trench, les magnifiques sacs besaces s'imposent déjà comme des nouveaux classiques de la maison, tandis que du côté de l'image, tout est pensé pour séduire une clientèle jeune et asiatique à laquelle les transparences de matin calme,  les tops en plumetis et dentelle blanc tofu érotisent la pudeur.  Sur les tee shirt de coton blanc, les messages s'imposent: "we should all be feminists", "Dio(R)evolution", sans pour autant rykielliser la chose. Au final, sur l'air de "Here comes the sun", les jeunes filles s'échappent dans l'air saturé d'applaudissements,  procurant à chacune l'envie d'emporter dans une valise idéale, un jean blanc,  un pull en cachemire et lurex, un petit rien de lingerie.  S'envoler sur le tapis volant des rêves, tout en gardant ses jolis pieds sur terre. En 64 passages, une histoire renait: loin des peintures à l'huile de Galliano, des silhouettes tracées au marker japonais par Raf Simons, celles de Maria Grazia Chiuri ravivent l'art de l'aquarelle à l'heure d'Instagram.  L.B

 

crédits photos Dior 

ffre0211.jpg

ffre0032.jpg

ffre0451.jpg

ffre0516.jpg

ffre1160.jpg

ffre1290.jpg

ffre1374.jpg

ffre1526.jpg

ffre1549.jpg

ffre1578.jpg

ffre1757.jpg

ffre1781.jpg