LA MODE A L’ERE DU POST BEAU

edito

Body positivity, ultra normalité, "gender fluide": autant de thèmes évoqués lors de la "Veille et Revue de Tendances" organisée par le Monde à la maison des Centraliens ce 15 février… "Exploser les canons du beau, jusqu'où prendre des risques….?" A l'heure du monde "globalisé", il est de bon ton de caresser l'époque dans le sens du poil, ou plutôt de ce qui la gratouille en apparence: le culte du moche au prix du beau, la dite "transgression" dont les super héros de la mode "normale",  auraient fait "sortir le luxe de sa zone de confort". Super has been ou super hype, qu'importe. La banalisation fait la différence. La culotte inclusive a raison du string et le maillot de corps non sexué du ST à coussins menteurs. L'informe crée le must, et le bourrelet, comme le poil non épilé envahissent Instagram autant que le survêt en nylon et la croc à plateforme version Balenciaga achèvent de nous démoraliser. C'est l'ouragan Vêtement. La déferlante Off White.  L'ordinaire "disjoncté" s'impose désormais comme un statut, caution culturelle d'une défaite: celle d'une industrie et d'un système débordé par le made in china, et le complexe du jeunisme obligatoireCelle de ses "élites" incapables d'offrir un autre modèle que la perte de ses repères.  La bourgeoise blanche serait donc en voie de disparition au profit d'une autre humanité issue de la "rue".  Déjà Colette se moquait du snobisme de la purée…Aujourd'hui, il est de bon ton de dénoncer la "perfection", et de l'assimiler  au botox et à l'obsession de la retouche.  La beauté serait elle vraiment réduite à n'être qu'un bouquet de vieilles fleurs fanées?  Aurait on pu imaginer qu'une assemblée de spécialistes de l'art se mette à balancer les maîtres de la peinture? A trouver Michel Ange ringard?  En mode, ce qui est triste c'est de voir à quel point, ce qui aurait pu être analysé, décrypté, est pris à la lettre, par ceux qui redoutant de rater un train, trouvent bon de s'y engouffrer… Voici le "millenial" idolatré, le communautarisme plebiscité au nom de la tolérance craintive des minorités longtemps brimées, le sentiment coupable d'avoir imposé un modèle qui ne fonctionne plus. Faute de faire rêver, on renonce. Les vrais artistes n'imitent pas le réel, ils le transforment. Les communicants eux, se croient obligés de le parodier. Avec pour ambassadeurs, les nouveaux gourous du mainland street style.  Où est le scandale? Ne faut il pas y voir qu'un renoncement déplorable?  Tout cela, nous le détestons par dessus tout, parce qu'on sait combien derrière la sanctification de l'ordinaire, la systématisation de "l'anti fashion",  ce sont bien les racines qu'on arrache. C'est bien le sens du rêve, la possibilité de la grâce qu'on nous confisque, au nom d'un idéal à ras de terre dont nous portons la responsabilité pour les générations futures. En France, décidément, il y a toujours des têtes à guillotiner. Et aujourd'hui le coupable, c'est le luxe, contre lequel de soi disants héros subversifs agiraient en "lanceurs de bombes", en s'y infiltrant.  Are we dreaming? 
Le glam slam bag, Margiela chez Corso Como