MARGIELA UNE HISTOIRE D’ARGENT

edito

Quel drôle de parti pris pour une maison qui avait érigé l'incognito en must, et la discrétion monacale en posture reconnaissable entre toutes. Tout ce qui brille et bien oui, c'est l'argent. L'argent qui triomphe en mode métallisé, aluminiumisé, nickelisé, ferrugineux, est là comme un refrain tout en miroirs de la collection Margiela de l'hiver 2018 par John Galliano.  Tout ce qui brille pour tout dire ou presque dans ce monde où les lumières réflechissantes renvoient déformés, les égos à leur propre vanité, les étoiles filantes  à leur course sans fin . Dans les années soixante Chanel se moquait de Paco Rabanne, "le métallurgiste qui fait de la mode" disait la redoutable vieille dame en tailleur de tweed. Cinquante ans et des poussières plus tard, ces apparitions renvoient à une sorte de meilleur de mondes sous influence, celui de toutes les radiations, de toutes les intoxications, de toutes les surexpositions, comme si emballées dans leur couverture d'amiante tour à tour plissée, tuyautée, travaillée façon trench ou redingote, les mannequins entraient dans une galerie des glaces dont elles seraient elles même les propres revêtements, rasant donc les murs pour apparaître ou disparaître, selon l'humeur….