TINO SEGHAL AU PALAIS DE TOKYO
Accrochage vivant
A la veille de la Fiac, l'exposition peut surprendre. Et elle surprend, tant cette carte blanche confiée à ce danseur devenu artiste, qui compose des mondes à partir du mouvement, des instants, des regards, des paroles, de l'absence. Qu'il fasse déplacer des danseurs dans le noir (expo Photo au Musée de la Danse), ou crèe des happenings chorégraphiques, Tino Seghal échappe à tous les repères tout en construisant une oeuvre qui pose la question de l'aura et de la trace… Lion d'Or de la 55è Biennale de Venise, ce britannique né à Londres en 1976 crèe deux fois l'évènement cet automne à Paris: à l'Opéra de Paris, on a vu les danseurs tels des mirages vivants, se déplacer des espaces publics aux coursives, laissant une scène vide pour apparaitre de manière aléatoire… Au Palais de Tokyo, il nous confie à une expérience singulière qui n'est pas sans rappeler la voix d'Anna Karina dans Pierrot le Fou: "Ce est le plus intéressant, c'est le cheminement des êtres".. Qu'est ce que le progrès, qu'est ce qu'une énigme, avez vous peur du vide, autant de questions posées par des inconnus familiers, qui accompagnent le visiteur venu trouver quelque chose qu'il n'a qu'a chercher au fond de lui même.. Une sorte de puits sans fond de la mémoire qui met à l'épreuve l'étalage d'oeuvres que déversent les camions rangés sur les quais à l'orée de l'ouverture du Grand Palais. Le silence d'une carte blanche met à nu l'idée même d'oeuvre, dans la totalité des 13000m2 de surface d'exposition du Palais de Tokyo. Trois ans après Philippe Parreno, la plus métaphysique des performances est sans doute l'évènement de cette rentrée. Au point qu'on n'en oublierait même la présence d'autres artistes invités, de Daniel Buren à Félix Gonzalez Torres, dont le rideau de perles tombe en pluie fine et nacrée au dessus des danseurs errants. Palais de Tokyo, jusqu'au 18 décembre 2016