WANG DU, LA CLINIQUE DU MONDE

Wang Du

Un grand corps malade vêtu de blanc…On pénètre dans la galerie de Laurent Godin, comme dans un spa digne qu'imagina Philippe Starck au Royalton à Londres dans les années quatre vingt où chaque "pièce" est signalée par une pancarte blanche, "médecine chinoise", "chirurgie", "ORL". Certaines intriguent, comme "Morgue", ou "Médecine Chinoise". Derrière les rideaux blancs, des chambres très particulières. "A mes yeux, le monde était une oeuvre  d'art, aujourd'hui je le vois davantage comme un patient…. " affirme Wang Du, artiste chinois installé à Paris, arrivé dans la capitale au début des années quatre vingt dix, et devenu le témoin recycleur de tous les matériaux que rejette la planète au quotidien. "Guerres sans ennemis, compétition pour la colonisation de l'espace, évolution plus matérialiste et consumériste", autant de maux que le plasticien met en scène, comme s'il diagnostiquait toutes les formes de dégenérescences.  Sculptures, photos de chefs d'état accrochées par centaines, planètes aspirateurs, vanité XL… L'étrange s'empare du lieu, s'imposant comme le dataworld de nos inconsciences. La pathologie est décidément au coeur de tout. Même des programmes hôteliers, comme celui du Como Shambala de Londres, où il est dit que "Jody Shield, une guérisseuse intuitive et experte en méditation, afin de les aider à dépasser leurs problèmes affectifs, financiers, de stress, d’anxiété et leurs blocages en général". Nous voici en proie à tous les expériences detox.  Mais la force des artistes, à commencer par celle de Wang Du, "stocké" pendant neuf mois pendant la révolution culturelle de 1966,  c'est de questionner, celle des nouveaux gourous du bien être, de prétendre offrir des réponses payantes et packagées.   

Wang Du, Galerie Laurent Godin, 36 bis rue Eugène Oudiné, 75013 Paris.