CHRISTOPHE BARBIER : « La campagne-catastrophe d’Eva Joly ne mérite pas l’indulgence »

Directeur de l’Express, éditorialiste sur ITélé, il signe avec brio «Maquillages» (Grasset). Loin des essais envahissant les étals des libraires, ce livre se lit comme le roman vrai de la République, fourmillant de «choses vues» et de rencontres, notamment dans la salle de maquillage d’ITélé. A l’ombre des spots, questions sur les femmes à l’un des plus brillants observateurs de la scène politique française, à la plume plus aiguisée qu’un stiletto.

«C’est un Tsunami Marine qui se prépare pour le 22 avril ». Le temps qui passe renforce-t-il vos convictions, à propos de celle dont vous dites pourtant qu’elle «maquille son état civil» et dont vous écrivez qu’elle «s’est trompée d’époque» ?
Marine Le Pen a raté son début de campagne, trop sérieux, trop techno, et appuyé sur une sortie de l’euro que personne ne croit possible. Elle a commencé à remonter en faisant du… Jean-Marie Le Pen! Immigration, islam, invectives… Ses chances électorales croissent quand son originalité politique diminue.
François Hollande a dénoncé dans son dernier discours les spéculations liées aux futurs ministrables. De votre côté, pourquoi estimez-vous qu’Aurélie Filipetti a toutes les chances d’être pressentie à la Culture ? Et Martine Aubry à Bercy ?
Je pense que la hausse de Mélenchon fait de Martine Aubry la favorite pour Matignon. Elle dirige le parti, ce qui la place au mieux pour diriger la campagne des législatives, rôle dévolu au Premier ministre. Elle est la fille de Delors, ce qui peut rassurer l’Europe, et la mère des 35 heures, ce qui calme la gauche dure.
Au sujet d’Eva Joly, «la femme de poudre», vous êtes très virulent… «Est-ce le goût de l’originalité, la culture minoritaire ou une pulsion de suicide» vous demandez-vous à propos du choix des Verts. De cette «Mamie Pâquerette», vous dites encore qu’elle n’est pas crédible… «Mille paires de lunettes n’y feront rien..» En l’attaquant de cette sorte, ne faites-vous pas le jeu de la République spectacle ?
Non. La campagne-catastrophe d’Eva Joly ne mérite pas l’indulgence. Derrière ses erreurs personnelles, il y a la volonté des Verts de ne jamais désigner le meilleur pour la présidentielle.
Pas un mot dans votre livre sur Nathalie Arthaud. Est-elle aussi inexistante que ses propos sont accusateurs et virulents ?
Elle se livre peu, le off est rare, il lui faudra d’autres présidentielles pour devenir un personnage comme Arlette. Mais Arthaud a tenu le choc, c’est déjà bien.
Concernant Carla Bruni, «la femme qui ne se maquille pas», pensez-vous qu’elle résistera mieux à «la grande méchante machine» (c’est ainsi qu’elle se nomme dans votre livre, l’Élysée), que son époux ?
Si Carla était présidente… Ne rêvons pas! Je ne suis pas certain que la défaite de son mari la plongerait dans la plus grande tristesse.

Christophe Barbier

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