FRANCIS KURKDJIAN: Interview chaussée

Il a créé le Mâle de Jean Paul Gaultier ou For Her de Narciso Rodriguez. Avec son parcours atypique et une sensibilité à fleur de peau, cet ancien danseur classique a créé en 2001 sa marque de parfums éponyme. Sa dernière fragrance, Amyris, est une ode à l'élégance urbaine. Rencontré à Paris, Francis Kurkdjian dévoile ses secrets bien chaussés.

Quels sont vos souliers préférés ?

Des bottines noires Yves Saint Laurent que je chouchoute. J’en ai acheté deux paires. Quand j’ai commencé dans la parfumerie, il fallait que je sois tous les jours en costume-cravate pour rassurer mes clients. Aujourd’hui, avec la notoriété et l’assurance de l’âge, je porte de tout, baskets Converse ou chaussures vernies. Il faut avant tout que ce soit confortable: je refuse le « soulier torture »!
Dans quelle mesure le parfum comme les talons haut peut-il être une arme de séduction ?
Tout accessoire peut être une arme de séduction. Cela dépend de la façon dont il est porté. C’est une forme de symbiose. Avec le parfum, on est aussi dans la séduction, mais il s’agit d’une séduction personnelle. On se parfume d’abord parce que l’on aime ce que l’on porte, puis pour plaire aux autres. D’ailleurs, j’imagine d’abord un parfum comme une silhouette, un vêtement. Je conçois ma collection comme un vestiaire olfactif, du jean à la robe longue du soir.
Un chausseur fétiche ?

J’aime beaucoup J.M. Weston. Je me souviens du jour où j’ai acheté mes premières chaussures sérieuses, des richelieus.
Ce fut un grand pas pour moi…
Un conseil d’entretien des souliers ?
Ce que j’aime par-dessus tout, c’est passer du temps à cirer le cuir, à faire la patine. J’ai une boite à cirage que mon grand-père m’a donné. Elle contient tous mes pots de crèmes, du plus clair au plus foncé. Ce que je déteste par-dessus tout, ce sont les semelles en plastique que l’on place chez le cordonnier, c’est pour moi un sacrilège… Il faut laisser vivre un soulier. D’ailleurs, je préfère imbiber la semelle de gras pour la protéger.
Qu’est-ce qu’Amyris, votre dernière création ?

Amyris, une ode à l’élégance urbaine, conçue dans un esprit moderne. Amyris est un petit arbre dont le nom grec signifie « intensément parfumé ». Je trouve le nom vraiment très beau. Je viens également de concevoir 754, une fragrance florale exclusive pour les 111 ans de Bergdorf Goodman, aux notes de citron, de muguet, de freesia et de santal blanc.
Vos projets ?

J’ai conçu des crèmes pour le corps afin de compléter la ligne de parfums féminins. Elles devraient sortir en avril ou en mai 2013.
Maison Francis Kurkdjian, 5 rue d’Alger, 75001 Paris.
http://www.franciskurkdjian.com

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