Marie-Jo Zimmermann: »On n’est pas là pour faire de la politique de salon »
Marie-Jo Zimmermann, 60 ans, est députée UMP de la Moselle et présidente de la délégation de l'Assemblée nationale aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes. Elle est à l'origine de la loi Copé-Zimmermann, adoptée en 2010. Une loi qui favorise la parité hommes-femmes dans les conseils d'administration des grandes entreprises, encore très majoritairement masculins.
Votre dernier coup de gueule ?
François Hollande a dit une énormité. C’est incroyable qu’un candidat à la présidentielle soit d’accord sur le principe d’un gouvernement paritaire mais avec des responsabilités différentes pour les hommes et les femmes. Je suis scandalisée par ces propos. Ce n’est pas encore totalement entré dans la réflexion des hommes politiques qu’une femme peut être à la hauteur et mérite un ministère régalien.
Votre candidat, Nicolas Sarkozy, est-il suffisamment engagé sur ces questions ?
Je suis en colère à propos de certains sujets de la campagne du président. La précarité, le temps partiel, la dépendance des femmes sont des sujets importants mais on ne les voit pas dans le débat. Ce ne sont pas des thèmes anodins, mais personne n’en parle, il va pourtant falloir prendre le taureau par les cornes. Nicolas Sarkozy est bien sûr très préoccupé par la situation économique et internationale, ce qui est son rôle et tout à son honneur. Mais il y a aussi les situations humaines. J’aurais attendu un tout petit peu plus de prise de position de Nicolas Sarkozy en faveur des femmes. Quand il dit qu’il faut créer plus de crèches, il est sympathique mais il n’y a pas que ça. Il faut mener une vraie réflexion sur la manière dont s’articulent vie professionnelle et vie familiale. J’aimerais que Nicolas Sarkozy soit plus présent sur ces questions. S’il s’en préoccupe, ce n’est pas suffisamment, et c’est dommage.
Dur dur d’être une femme à l’Assemblée nationale ?
J’ai été un peu choquée par les propos de Chantal Jouanno (à l’époque ministre des Sports, avouait ne plus porter de jupe en raison des propos sexistes, ndlr). Avec cette remarque, on voit qu’elle n’a pas fait de politique. Quand vous vous êtes battue, les remarques machistes, on passe outre. Cela fait quinze ans que je siège à l’hémicycle, je n’ai jamais pleuré sur une réflexion, je ne me laisse pas faire. Un jour on m’a dit: « Tu es mignonne, mais est-ce que tes charmes sont aussi importants que ton cerveau ? »J’ai répondu: « Et toi ? » Il faut dédramatiser ce genre de réflexions, on n’est pas là pour faire de la politique de salon, il faut arrêter d’être mijorée. La politique, c’est un combat permanent. Chantal Jouanno y est entrée par un ministère, puis est passée au Sénat. C’est plus facile que d’être députée, elle n’a pas eu autant à se battre. On n’en est plus là, savoir si on porte une jupe ou pas, c’est de niveau maternel, je n’y perds pas mon temps. Ce ne sont pas des combats nobles et c’est un faux débat. Le vrai combat des femmes, c’est la reconnaissance de leurs compétences et le respect de leurs rémunérations.
Votre dress code ?
J’ai un style très classique qui inspire une certaine normalité et féminité. Ma règle d’or, c’est d’être toujours impeccable et tirée à quatre épingles. C’est une forme de respect pour moi-même et pour les autres. Je n’achète pas de marques mais des vêtements à des prix corrects dans des magasins comme Caroll ou 1.2.3.
Votre dernier coup de cœur ?
Une longue veste vert amande, une note printanière qui me va bien. Je veux donner l’image de quelqu’un qui ne plonge pas dans le pessimisme ambiant et qui a envie de bosser. Quand je rencontre des difficultés, je me retrousse les manches et j’y vais, tout en étant consciente des efforts à fournir.
Des fausses notes de look chez certains de vos collègues ?
La tenue vestimentaire est le reflet la personnalité. J’ai toujours désapprouvé les remarques adressées à Roselyne Bachelot sur ses couleurs flashy. Elles donnent une bouffée d’énergie et impriment une marche en avant. Cela montre que cette femme a envie de faire avancer les choses. Il faut passer outre les détails vestimentaires. C’est la personnalité qui compte, et en politique, on a le droit d’avoir une personnalité. Je suis de même choquée par les critiques adressées à Rachida Dati, elle a bien le droit de porter des boots rouges, ou à Nathalie Kosciusko-Morizet qui porte des talons hauts. Ce n’est pas parce que l’on fait de la politique que l’on doit se conformer à un moule.
Interview Céline Hussonnois Alaya