Thomas Lieuvin: »Un escarpin reflète le tempérament d’une femme
Il chausse les pieds des femmes de souliers graphiques dont le talon ne vacille jamais. Thomas Lieuvin, lauréat du concours BATA en 2011, livre les secrets d'un soulier prêt à arpenter le monde urbain.
Comment expliquez-vous cette obsession pour les souliers?
Je pense que c'est inné. Une amie psychologue m'a fait remarquer que j'étais né avec une malformation du pied, pourtant je conçois aujourd'hui des souliers. C'est un vrai paradoxe. Mon envie de créer vient de mon admiration pour ma mère. Mon obsession était de pouvoir encore plus l'embellir.
Le point de départ d'une collection?
J'analyse la collection passée, mes erreurs et je me lance. Inspiré par tout ce que je vois, je peux dessiner jusqu'à 500 modèles en deux mois. J'imagine des formes, puis des matières, selon le caractère de la femme que j'ai en tête durant l'instant. Un escarpin reflète le tempérament d'une femme.
Vos créations allient-elles confort et créativité?
Je suis ancien gymnaste. Les tenues de gymnastique sont ma signature pour les lignes et les formes: il y a quelque chose de très radical et dynamique dans mon travail, qui impose le mouvement. Je cherche continuellement à créer un équilibre entre la hauteur du talon et celle du patin. Enfin, 4 mm de mousse sont installés sous la semelle, tandis que tous les intérieurs sont en cuir d'agneau plongé satiné.
Comment imaginez-vous la vie de la femme que vous chaussez?
Elle fonce dans sa vie, elle est indépendante et a un caractère bien trempé.
Vos prochains pas?
J'ai en tête une ligne pour homme et la collaboration avec une maison.
Avez-vous les pieds sur terre ou la tête dans les étoiles?
La tête dans les étoiles. Je suis né dans l'Eure, je rêvais de New York, de Julia Roberts dans ''Pretty Woman''. Aujourd'hui, je veux faire le tour du monde.
Un dernier coup de talon?
Aux souliers plats et aux plateformes lourdes, qui ne flattent jamais l'allure des femmes.
Propos recueillis par Jean Privé
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