HAUTE N°2, MARDI 8 JUILLET 2014
Couture, joaillerie, métiers d'art et culture. Le quotidien de l'excellence et des savoir-faire à Paris édité par la Fédération française de la couture et conçu et réalisé par Laurence Benaïm.
BÉTON LUMIÈRE
Si l’époque a épuisé tous les styles, la force de Karl Lagerfeld est d’en inventer à chaque fois de nouveaux sous le soleil de tous les possibles. Corsets de béton, broderies de béton signées Montex, franges et même cols officier en béton, dentelles plastifiées, robes fourreaux en Néoprène : à l’orée de l’automnehiver 2014/2015, Chanel fait de la modernité une rencontre impromptue entre Versailles et Le Corbusier. « L’architecture est le jeu, savant, correct et magnifique des volumes sous la lumière », théorisait le créateur de la Cité radieuse. Entre les bloomerscyclistes, nommés « pantalons à la française » par le couturier, et les arabesques d’or plastifiées, entre le chaud-froid de tweed flammes et le blanc minéral, la « couture sans coutures » redessine des épaules marquées et des tailles galbées. Lignes droites, trapèzes et corolles, poignets mousquetaires et redingotes sur « fondation » charpentent une silhouette projetée dans la lumière. Sur certains croquis de Karl Lagerfeld, on ne trouve pas moins de douze annotations, aussi techniques que jubilatoires. Sa façon de surfer entre les siècles est unique. Comme un écho à la pensée de Le Corbusier : « Travailler, ce n’est pas une corvée, travailler c’est respirer. »
Laurence Benaïm
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