L’Wren

Hommage à L'wren Scott, disparue tragiquement hier à Manhattan.

En juillet 2012, elle nous avait donné rendez-vous dans un showroom pied-à-terre de la rue Saint-Louis-en-L'Ile, qui lui avait été prêté par son ami Bryan Adams. La première chose qui vous mettait a terre, c'était sa taille. A côté d'elle, on était tout petit. On reprenait confiance dans la conversation, les rires, les échanges du tac-au-tac aussi improbables que les lunettes de star présentées avec des rubans de gros-grain en guise de branches. Longue, immense, moulée dans une robe de brocart de sa collection, L'Wren Scott se déplaçait avec une grace particulière, ajoutant à la sophistication d'une grande dame aux doigts entièrement bagues d'or, anneaux anciens, cabochons de chineuse, l'allure un peu déjantée d'une rock-star aux longs cheveux de jais. Elle aimait les jupes entravées jusqu'aux genoux et twittait dans un manteau de cour. Elle appartenait a cette generation qui avait fait de chaque présence une apparition et le revendiquait haut et fort dans ces villes où la nuit est une parade, un spectacle, un devoir individuel et scénographique: Londres, New York. En elle, Ophélie se disputait le charme altier d'une princesse pré-raphaelite, extrême et délicieusement borderline. Autour d'elle flottait un air de fêtes et de champagne. Elle nous avait montre ses stilettos dorés a la feuille d'or et nous avait promis de faire au coeur de ce magazine ou un portrait devait lui être consacré, un happening. Le temps s'en est allé. De reports en vols annulés, de fashion weeks criblées de rendez-vous en absences sans motifs autres que celui d'un jet, d'une soirée, d'une party, les mois se sont volatilisés. Cette saison, elle avait décidé de ne pas présenter de défilé. Cette mort tragique ne fera jamais disparaitre une présence hors du temps. Aussi irréelle que radicale. L. B.

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