Les colliers de perles d’Hillary Clinton

On dit qu'elle a le look intellectuel. En tailleur-pantalon, presque jamais de jupe, elle apparaît en guerrière de la politique. Certains vont même jusqu'à dire que son apparence est masculine: lorsqu'elle était sénatrice de l'Etat de New York, Hillary Clinton a été élue par le "Men's Journal" parmi les vingt-cinq gars les plus durs d'Amérique, juste derrière 50 cent.

Hillary Rodham Clinton, 64 ans, est secrétaire d’Etat depuis 2009. Epouse de l’ancien président des Etats-Unis Bill Clinton, elle a été Première dame pendant huit ans. Lorsqu’elle quitte la Maison Blanche pour le Congrès, son changement de look est radical: elle coupe ses cheveux et change sa garde-robe pour gagner en autorité. Car l’objectif d’Hillary Clinton est clair: s’affirmer dans l’opinion publique et faire oublier l’épouse qui vivait dans l’ombre de son mari.
Le style d’Hillary Clinton fait jaser. Parce qu’il rompt avec la dimension séductrice attendue chez une femme politique. « On estime qu’une femme doit faire attention à son image, analyse Christian Delporte, historien de la communication politique. Elle doit correspondre aux critères d’élégance du XXIe siècle. » Alors forcément, une femme sans talons hauts…
Bosseuse et femme à poigne, elle semble totalement indifférente à sa garde robe. « Clothes are off the point. End of discussion », dit-elle. Les vêtements sont hors sujet. Fin de la discussion. Pour imposer l’autorité, Hillary Clinton est une adepte de la veste. Et une grande « skinfear »: pas un millimètre de peau n’est visible. Dissimulant ainsi tout sex-appeal. Inutile de chercher le décolleté chez Hillary Clinton.
Pas qu’un porte-manteau
« Le message est assez clair, explique Valérie Domain, auteur de « Total look ». Par son style vestimentaire strict, elle dit qu’elle est d’abord politique avant d’être femme et qu’elle n’est pas seulement un porte-manteau. » Une stratégie de la « no fashion attitude » pour privilégier ses idées. Un pari réussi. Elle est choisie 5 fois par le « Time » parmi les 100 personnes les plus influentes de la planète. En 2011, elle est la deuxième femme la plus puissante au monde, selon Forbes.
Mais Hillary Clinton, en fine stratège, a bien saisi que même si la mode ne l’intéresse pas, l’image est un argument de campagne et de communication. Contrairement aux Françaises, les Américaines n’ont aucune difficulté à s’en remettre à un coach vestimentaire. Ce qu’Hillary a fait.
« Je ne suis pas d’accord lorsque l’on dit qu’elle ne prend pas soin d’elle, regrette Valérie Domain. Hillary Clinton a veillé à adopter un style qui correspond à sa morphologie, elle serait ridicule en fashion victime et cela brûlerait son message politique. » Elle est par ailleurs très attachée à sa coiffure, « comme beaucoup d’Américaines, le brushing, c’est sacré ».
Ce qui la définit, c’est la couleur, parfois très acidulée. Un code adapté aux rendez-vous et messages politiques à faire passer. « Quelqu’un qui s’autorise des libertés doit faire attention à tous les autres signes qu’elle émet, afin de ne pas brouiller le message », explique Brigitte Gautier, consultante couleur et auteur de « Un coach pour un nouveau look ». Le message vestimentaire d’Hillary Clinton, sobre, est limpide.
Des airs de petite fille sage
« A travers ses tenues vestimentaires, on lit l’indépendance. Elle s’affirme et ose en ne se pliant pas aux diktats », ajoute Brigitte Gautier. Sa seule excentricité: ses colliers de perle, qu’elle porte quotidiennement.
« Avec son visage oval, son teint rosé, le blond cendré de ses cheveux, elle pourrait facilement avoir l’air poupin », met en garde la consultante. Un risque de faire trop jeune et pas sérieux. Si l’ensemble du look n’est pas maîtrisé, ses colliers de perles pourraient lui donner des airs de petite fille sage.
Selon Frédéric Dosquet, auteur de « Marketing et communication politique : Théorie et pratique » et directeur du département marketing à l’école supérieure de commerce de Pau, la manière dont s’habille le politique fixe un imaginaire. « D’un point de vue démocratique on peut le regretter, mais l’image des politiques en dit long sur le contenu et la globalité de leur offre ». Mais, remarque Christian Delporte, « on fera toujours plus de remarques sur le look d’une femme que sur celui d’un homme ».
Crédit de la photo de une : Flickr/CC/US Embassy New Zealand
Céline Hussonnois Alaya

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