Savoir-Faire

Maison Fabre, une réussite familiale

Cet artisan gantier qui propose des produits "Made in France" s'apprête à lancer une ligne de maroquinerie, présentée le mois prochain. Secrets de succès d'un atelier qui allie traditions et modernité.

Sous les arcades du Palais-Royal, la Maison Fabre habille vos mains. Installé au cœur de Paris depuis cinq ans, l’artisan gantier propose plus de 200 modèles dans cette boutique confidentielle bien éloignée de l’agitation de la capitale. Deux collections par an de mitaines, moufles, manchons et gants de toutes sortes : il s’en est écoulé pas moins de 24 000 paires l’année dernière. Une belle réussite pour la maison Fabre, qui est avant tout une histoire familiale.
L’aventure commence en 1924, à Millau, haut lieu de la ganterie, avec les premiers gants blancs de l’arrière-grand-père, Etienne. La grand-mère, Rose, l’une des rares femmes à diriger une entreprise, reprend les rênes après la guerre. Progressivement, elle impose sa marque comme une référence. Après le père, Louis, les fils Olivier et Jean-Marc prennent les commandes de la Maison Fabre, et ce depuis 1997. « C’est le rêve d’une vie de pouvoir relancer une affaire familiale, confie Olivier, qui a abandonné ses études de journalisme pour se jeter corps et âme dans la ganterie de ses aïeuls. Je me souviens de ma grand-mère, lorsque j’étais enfant, qui me demandait de l’aider dans l’atelier, me faisant découvrir les différents métiers de cet artisanat ».
Demi et sur-mesure
Aujourd’hui, Maison Fabre possède 3 boutiques propres et compte 270 points de vente. L’atelier est toujours à Millau, emploie 11 personnes, et fait la part belle à la préservation de traditions françaises, de la matière première au produit fini. Un gain entièrement fait main, c’est une journée de travail. Pour le piqué anglais, la spécialité de Millau, il s’en produit une douzaine par jour. L’autre spécificité du gantier, fournisseur d’Hermès pendant près de trente ans, c’est la possibilité de personnaliser cet accessoire. « Notre volonté, c’est de pouvoir répondre à toutes les attentes, précise Olivier Fabre. Nous proposons du demi et du sur-mesure. Changer de matériau, de fil, de couleur, broder ses initiales à l’or fin, tout est possible. »
L’arrivée de cette quatrième génération a donné une nouvelle impulsion à la marque. Partenariats avec des créateurs (Polder pour le modèle auto, devenu le modèle phare, ou des artistes comme Clara Halter), collaboration avec de grandes maisons (Yves Saint Laurent, Chanel, Christian Dior), les projets se multiplient. En novembre, Maison Fabre présentera une ligne de maroquinerie et inaugurera son corner luxe aux Galeries Lafayette. L’année prochaine, c’est une nouvelle boutique qui verra le jour, à quelques pavés du château de Versailles. Pour l’occasion, la marque va revisiter les codes de cet artisanat en proposant des gants parfumés, comme cela se faisait à la cour du roi. Une manière de faire redécouvrir l’histoire de cet accessoire, « tout en restant dans l’air du temps », explique Olivier Fabre, qui ne s’arrête jamais. Il travaille déjà à son prochain challenge: une exposition itinérante à l’hiver 2013, dans les grands magasins, de gants inspirés des plus beaux tableaux du Louvre et du château de Versailles. « On peut faire de beaux gants de manière traditionnelle tout en faisant un clin d’œil à l’histoire, en apportant de l’art et en passant par la mode, et toujours de manière moderne. »
Céline Hussonnois Alaya
Maison Fabre
– 128 Galerie de Valois, Jardins du Palais Royal, Paris 1er, 01 42 60 75 88
– 60 rue des Saints Pères, Paris 7e, 01 42 22 44 86
www.maisonfabre.com