PIERRE HARDY & L’ECAL, LE SOULIER EN ALTITUDE

Pierre Hardy et l'Ecal

15 étudiants, 15 paires, 15 cartes blanches. "Walk with Pierre Hardy", tel est le nom du projet visuellement réalisé par les étudiants de l'ECAL/ Ecole Cantonale d'Art de Lausanne, en bachelor photographie, sous la direction de Philippe Jarrigeon. Talons lame, monolithes dans l'espace, représentations abstraites ou narratives, toutes les images célèbrent la créativité de Pierre Hardy, dont les modèles emblématiques deviennent des prismes colorés. Dans cette ancienne usine de collants étalée sur 18000m2, les étudiants se sont pris au jeu, dirigés ce photographe qui redonne une nouvelle vie à la dite "nature morte" en l'animant d'un vrai point de vue: "C'est un portrait de Pierre Hardy à travers quinze regards diffférents. Il s'agit d'expérimentations.." affirme Philippe Jarrigeon.   Pour Millo Keller, responsable de la photographie à l'ECAL, l'important, dans cet univers dominé par la technologie, est de redonner aux étudiants le sens de tous les possibles, incluant bien sûr l'artisanat, le bricolage, "la main à la pâte" comme il dit. En témoignent ces visions venues prendre à contre pied tous les poncifs du fétichisime, de la séduction obligatoire. Pas d'effet, ni de nostalgie.Encore moins d'effets scénogaphiques.  Dans cette ancienne boutique toute noire, les tirages sont placés en mille feuilles verticaux, les uns contre les autres, de tailles différentes, comme des panneaux en train de sécher.. Le plus passionnant sans doute est la manière dont le soulier se libère ainsi de ses entraves, en traçant des lignes inédites, celles des chemins de traverse. Imaginaire en marche qu'éclairent ces corps fondus dans l'espace, ces compositions néo-cubistes venues mettre en valeur le graphisme pur cher à Pierre Hardy.  Exercice de style qui n'est pas sans ravir le créateur, quinze ans et des poussières après la création de sa marque.  "C'est comme un révélateur. C'est un puzzle qui se réorganise à travers un point de vue. Certains s'attachent à la géométrie, d'autres ont construit des fictions. La sensualité est  là". Une sensualité que Pierre Hardy a toujours à coeur d'explorer, de raconter, en projetant toujours l'objet qu'est le soulier dans des univers fantastiques, métaphysiques, aux confins de la réalité et de l'imaginaire, de la science et de la poésie. Inventer des histoires nouvelles, c'est bien de cette démarche dont il est ici question ici. "J'ai horreur des clichés liés à la chaussure et je fais tout pour les éviter. L'escarpin rouge à talon me dégoûte" explique t-il encore dans le très beau catalogue édité par l'ECAL à cette occasion: "Evidemment, on ne peut pas nier la dimension fétichiste inhérente à la chaussure. Je l'explique par le fait que le corps s'y dessine." 

Exposition du 11 au 13 novembre, Place du Palais Bourbon, 75007 www.ecal.ch, www.pierrehardy.com 

 

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