Caroline de Haas:  »François Hollande est féministe »

Fondatrice de l'association Osez le féminisme en 2009, Caroline de Haas est également membre de l'Assemblée des femmes, organisation qui milite pour la parité. A 31 ans, elle est aujourd'hui une collaboratrice de Benoît Hamon, porte-parole du Parti socialiste.

Votre candidat, François Hollande, s’est-il suffisamment engagé sur la parité ?
On a le sentiment, quand on est féministe, que la question des femmes n’est jamais suffisamment abordée. Elle est quasi invisible, si on la compare aux 53% de femmes qui forment le corps électoral. Mais par rapport aux précédentes campagnes présidentielles de 2002 et 2007, il y a un net progrès. Ce sujet est vingt fois plus abordé. D’ailleurs, François Hollande a été le premier à s’engager pour la création d’un ministère du Droit des femmes, première revendication des féministes. Un tel ministère enverrai un signal fort à toute la société. Le programme de François Hollande est bien plus ambitieux que tout ce qui a été fait par le passé. Autre point fort, il s’est engagé pour un gouvernement à parité. Le Parti socialiste a beaucoup avancé sur ces questions. Un exemple avec les prochaines élections législatives, le PS présente 50% de femmes candidates, alors que l’UMP seulement 28%.
Des postes régaliens réservés aux femmes ?
Je ne suis pas forcément pour réserver l’Intérieur à une femme. Mais il est fondamental de ne pas les cantonner aux sujets sur lesquels elles sont soi-disant plus compétentes, comme l’éducation, le social, ou de les mettre de côté dans des sous-ministères. La parité, ce n’est pas que la répartition 50/50 des postes.
Et vous, envie de prendre des responsabilités ?
Difficile de répondre à cette question ! Si je réponds non, je passe pour une fausse modeste, et si je réponds oui, je passe pour une arriviste. Comme toute militante socialiste féministe, ce qui m’intéresse, c’est être utile. Mais pour être utile, il faut d’abord gagner l’élection présidentielle.
C’est compliqué pour une femme d’affirmer son ambition ?
C’est évident que la société porte un regard stéréotypé sur les femmes de pouvoir. Bien souvent, les attaques ne portent pas sur leurs compétences mais sur le fait même d’être femme. Un exemple avec la violence qui s’est exercée sur Ségolène Royal lors de la précédente élection présidentielle. La première fois que l’on m’a proposé de prendre des responsabilités au sein d’une association, j’ai entendu des remarques sur le fait que j’avais les dents qui rayaient le parquet. Alors que l’on félicitait mon collègue masculin promu.
François Hollande, féministe ?
Être féministe, c’est prendre conscience que l’égalité homme-femme n’est pas acquise. Et c’est avoir envie que cela change pour construire une société où le fait d’être né homme ou femme n’a pas d’importance. Dans son discours de Reims, François Hollande a mis en avant l’importance des droits des femmes pour transformer toute la société. Donc oui, féministe, il l’est.
Interview Céline Hussonnois Alaya