L’IMAGINAIRE DU MERVEILLEUX

« Chasser le ressentiment et les passions tristes »: c’est ainsi qu’Emmanuel Macron s’exprimait en 2017. Deux ans plus tard, la violence qui s’est abattue sur la France a métamorphosé les passions tristes en haine, et la haine en violence. Dans l’oeil du cyclone, ce « luxe » honni, symbole d’accumulation, de négation, de profit, d’égoïsme, celui des élites, en décalage avec la « vraie » France. Dans ce procès d’intention qui dure depuis des siècles, les coupables sont-ils ceux qui dénoncent, ou ceux qui acceptent d’entretenir le mensonge? Ceux qui ont laissé une industrie littéralement pourrir, en succombant aux caprices de leurs millenials assoiffés de logos? Ceux qui pour des raisons idéologiques, ont préféré cédé à l’emprise du laid, érigé le banal en mode d’emploi et de vie, parce que le beau relevait d’autrefois, de ce monde d’hier dont il prétendaient vouloir éliminer toutes les scories conservatrices et réactionnaires à leurs yeux? Telle est sans doute l’esprit de cette soumission, cette dérive par le nivellement: d’un côté la confusion entre culture populaire et uniformisation, de l’autre la réduction frustrante du citoyen à son statut de consommateur. Il n’aura fallu que vingt ans, pour que le « merveilleux » qui faisait partie de la culture française, de Versailles à French Cancan, d’une partie de campagne à Peau d’Ane, s’efface de nos mémoires et de notre champ de vision, pour entrer dans le tunnel balisé de néons de l’hyper modèle, Halloween, Black Friday, le dernier gadget Made in China, et le Merry Christmas d’une vitrine Sephora brisée par les casseurs… Laissons le merveilleux nous émerveiller, laissons à ceux que l’imagination anime d’un vent joyeux, à ces conteurs  épris de couleurs nous enchanter. En contrepoint de cette fin d’année sans lumière, une image illustrant le travail d’India Mahdavi la polyglotte polychrome qui concilie la fonction et l’enchantement dans ce projet réalisé pour Ladurée à Genève, comme dans tout ce qu’elle anime de son regard nourri de passions, de choses vues, de souvenirs revisités, qu’il s’agisse de Bugs Bunny ou de la Californie des années soixante, de la nouvelle boutique Tod’s sur Sloane Street à Milan au Nina’s, en passant par le Muy à Toulon..  « Le jour où la misère de tous saisit la richesse de quelques uns, la nuit se fait, il n’y a plus rien.Plus rien pour personne » écrivait Victor Hugo dans Choses Vues.

Enjoy your dreams!

#indiamahdavi