A pied d’œuvre

Le luxe selon Galignani: "Ne surtout pas chercher à résister à Amazon, c’est un autre métier". A l’heure où les géants de la distribution culturelle marquent le pas, les institutions comme la librairie Galignani résistent. Avec une sélection pointue de beaux ouvrages qui attirent des amateurs du monde entier et une nouvelle ligne de carnets Liberty, la maison affiche haut et fort ses partis pris. Interview de Danielle Cillien Sabatier, directrice générale de Galignani.

Quel est l’atout clé de Galignani?
Son offre singulière, de trois librairies (anglaise, beaux-Arts, française) dans un lieu unique, et historique. Smith nous concurrence sur l’Anglais, Delamain sur le Français, le Louvre sur les Beaux-Arts. Mais aucun ne propose les trois réunis ,avec plus de 50000 références en permanence.
Quels sont les beaux livres qui ont suscité le plus d’intérêt récemment?
« La Petite Veste Noire » de Karl Lagerfeld, indéniablement notre best-seller de cette fin d’année.
« Tino Zervudachi: A portfolio », de Natasha Fraser, très original sur la décoration.
« Louis Benech, douze jardins en France » d’Eric Jansen, avec les sublimes photos d’Eric Sander.
« A French Touch of Class », formidable ouvrage sur les carrossiers français ou encore « Rio, une invitation privée », sur les plus beaux intérieurs de la ville.
La teinte de cette fin 2012 a été très légère, actuelle, tournée vers la mode, le design, la décoration, les jardins, plus que sur la peinture classique ou les ouvrages de référence. Le « Paris New York » en version intégrale de Vahram Muratyan a très bien marché aussi, toujours dans cet esprit fin et léger.
Votre best-seller actuel?
La rentrée de janvier s’annonce prometteuse pour le Yasmina Reza, « Heureux les heureux », bien qu’il soit au coude à coude avec les « Mémoires » de Grace Coddington qui séduit nos lecteurs de l’univers de la mode. Mais le best-seller de décembre/janvier est le livre de Vincent Meylan sur les « Trésors et Légendes de Van Cleef & Arpels », qui se lit d’une traite comme une série de Jours de France des années 60.
Comment résister à la concurrence d’Amazon?
Il ne faut surtout pas chercher à y résister, c’est un autre métier. Il suffit de comparer les hangars d’expédition d’Amazon avec les boiseries et le parquet de Galignani. Dans un cas; on est dans une notion de consommation rapide à satisfaction immédiate, dans l’autre on est dans le conseil personnalisé, le plaisir esthétique et l’envie de s’inscrire dans une histoire. Je pense que ce sont des approches très complémentaires et que chacun a sa place. Je préfère la mienne.
A qui avez-vous envie de donner un coup de talon aujourd’hui?
À tous ceux qui se plaignent en permanence. On vit une époque d’évolution profonde, on n’a jamais autant lu ni écrit depuis qu’internet existe, c’est formidable. Croyez-vous vraiment que demain plus personne n’aura de livres dans sa maison? On n’affiche pas sa tablette au mur pour dire: voici ce que je lis, donc ce que je suis. Les tablettes font de la place pour les bons et beaux livres, ceux qui resteront! Ceux que nous proposons depuis deux siècles, déjà….
Propos recueillis par L. B.
Librairie Galignani, 224 rue de Rivoli, 75001 Paris
http://www.galignani.fr/

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