A propos d’avant garde

A Paris, au cinquième étage du Centre Pompidou, la collection du musée national d'Art moderne vient de s'enrichir d'une oeuvre de l'artiste danois Asger Jorn (1914-1973): "L'avangarde se rend pas, une toile acquise "avec le soutien généreux de la fondation Ny Carlsberg". C'est la cinquième des oeuvres de l'artiste achetée par le Centre, elle complète la série des "Modifications".

A Paris, au cinquième étage du Centre Pompidou, la collection du musée national d'Art moderne vient de s'enrichir d'une oeuvre de l'artiste danois Asger Jorn  (1914-1973): "L'avangarde se rend pas, une toile acquise "avec le soutien généreux de la fondation Ny Carlsberg". C'est la cinquième des oeuvres de l'artiste achetée par le Centre, elle complète la série des "Modifications".  Bien sûr,  on ne peut que reconnaître dans le nom donné à celle ci, autant qu'à sa forme, une référence appuyée à L.H.O.O.Q, la parodie de la Joconde de Léonard de Vinci par Marcel Duchamp, en 1919. Cette "résistance" défendue par l'artiste danois, est sans doute bien plus qu'un pied de nez esthétique.. Elle parle de transmission et de continuité, de la foi dans la peinture, de l'utile besoin de copier les maîtres, de jouer avec eux. Cette résistance est un combat, celui sans doute que reprend à son compte Markus Schinwald, à Vienne, cachant les visages de toiles chinées ici et là, de masques, de nez rouges ou d'appareils correcteurs. La peinture comme support. La mémoire, plutôt que l'absence. Toute création est un combat, semble dire Asger Jorn, comme l'exprimait Ionesco: "l'homme d'avant garde est come un ennemi à l'intérieur même de la cité qu'il s'acharne à disloquer, contre laquelle il s'insurge, car tout comme un régime, une forme d'expression établi est aussi une forme d'oppression". Il reste que l'avant garde n'est pas la recherche obsédante de l'originalité  à tout prix, mais plutôt une forme d'humilité, le cri d'un fantassin qui salue sa famille avant de disparaître dans l'oubli, cette absence que répare l'Histoire en  faisant réapparaître les fantômes.    

Asger Jorn – L’avangarde se rend pas, 1962 ©Adagp, Paris 2016, Centre Pompidou.