Anna Karenine

Ovation pour Golshifteh Farahani et toute la troupe d'Anna Karénine à la Cartoucherie: applaudissements, larmes, émotion absolue. C'est un triomphe. Un véritable moment de magie: vite, allez applaudir l'adaptation virtuose d'Anna Karénine, par Gaetan Vassart.

“Les bals où l'on s'amuse n'existent plus pour moi“: entre parenthèses, sous le titre de la pièce adaptée au théâtre d'après le roman de Tolstoï, Anna Karenine fait partie des triomphes de cette saison. “Notre adaptation est centrée sur la question de l'émancipation des femme, telle qu'elle ressort du destin conjugal d'Anna Karénine, de Kitty Chterbartski et de Daria Alexandrovna; chacune incarne un moment dans l'histoire d'une couple. Anna Karénine, libre et déterminée, fait le choix de vivre sa passion et sera bannie“. Ainsi “l'insoumise“, la “petite soeur d'Antigone“, n'est autre, sur scène que Golshifteh Faharani, somptueuse dans l'évocation d'une passion amoureuse, d'un coup de foudre qui la mène au désastre.

“Eteignons la bougie s'il n'y a plus rien à voir“. En deux heures passées en un éclair, la troupe, admirablement composée, avec des personnages incarnant à la fois la mélancolie terrienne d'un Levine (Stanislas Stanic), la gouaille accusatrice de Daria (Emeline Bayart), le désespoir de Nicolai, l'écrivain malade (Igor Skreblin), réussit à créer une atmosphère éblouissante. Celle que domine, avec maestria Golshifteh Faharani, arrivée en France il y a cinq ans sans parler un mot de Français, et dont on se dit, en l'écoutant jouer avec son corps, son cœur, sa joie et ses larmes, qu'elle est une merveille absolue, comme si en elle tous les personnages, de Bardot dans Et Dieu Créa la Femme, à Adjani dans Adèle H ou Camille Claudel, revenaient hanter la mémoire du théâtre, au rendez-vous des émotions retrouvées.

Jusqu’au 12 juin 2016 au théâtre de la Tempête, route du Champ-de-Manoeuvre, 75012 Paris. www.la-tempete.fr