Dans les souliers de la reine

Son travail est fait de détournements, de métamorphoses. Elle confronte les temps et les objets, le passé et le présent, déplace les symboles, à la fois populaires et sophistiqués. Après Koons, Murakami, Veilhan et Venet, Joana Vasconcelos investit le château de Versailles de ses folies éphémères, dans un jeu subtil entre la dissonance et le merveilleux, l’humour et la revendication.

Le château, lui-même classique et baroque à la fois, se fait l’écrin parfait de ces monumentaux cœurs de Viana – pièce iconique de la joaillerie portugaise – intégralement composés de couverts de plastique. De cette perruque géante construite en acajou, de laquelle s’échappe des mèches de cheveux blonds, disposée dans l’appartement de la reine. Du Dauphin et de la Dauphine, énormes langouste de céramique enveloppées de maille de crochet, dans l’antichambre du Grand Couvert. De cette grandiose paire d’escarpins enfin, située dans la Galerie des Glaces, faites de casseroles en acier inoxydable. Ornées de feuilles d’or ou de plastique, de plumes d’autruche ou de crochet, les œuvres se succèdent, joyeuses, délirantes, féminines.
Dans les jardins, trône ainsi une théière en fer forgé, le « Pavillon de Thé », pensé comme une tonnelle destinée à être être envahie par le jasmin. Déjà présente dans le patio du Royal Monceau, à Paris, la théière fut inspirée à Joana Vasconcelos par Catherine de Bragance, princesse du Portugal avant de devenir reine d’Angleterre en épousant Charles II. « Habillée de soie, elle buvait du jus d’orange, se baignait toutes les semaines, fut la première Européenne à prendre du thé dans l’aprés-midi », confiait ainsi l’artiste à Stiletto. A l’entrée du Parterre du Midi, au château de Versailles, la sculpture prend une nouvelle dimension, défiant les lieux et les visiteurs de son imposante familiarité.
Joana Vasconcelos à Versailles, exposition du 19 juin au 30 septembre 2012.
www.chateauversailles-spectacles.fr
www.vasconcelos-versailles.com
Joana Vasconcelos est représentée à Paris par la galerie Nathalie Obadia, 3 rue du Cloitre Saint-Merri, 75004. Tél. : 01 42 74 67 68

Dans le Salon de la Paix : « Coeur Indépendant Rouge », 2005. Couverts en plastique rouge transparent, Château de Versailles/DMF/Lisbon