Pierre Soulages, le noir en tête
« C’est ce que je fais qui me dit ce que je cherche », aime à dire cet artiste majeur de la scène française et internationale. Jeudi, au Café Marly, à Paris, il a présenté les grandes lignes du musée Pierre Soulages prévu pour juin 2013, à Rodez, à quelques mètres de sa maison natale.
A 91 ans, Pierre Soulages n’a pas peur de confier que seul le futur l’intéresse. Ce mois-ci, la BNF réédite l’ouvrage de référence de l’œuvre imprimé de l’artiste. Un prélude à l’ouverture du musée Soulages, lequel dédiera sur 1700 m² une partie de ses salles d’exposition permanente à toute l’œuvre imprimé de l’artiste, mais également des peintures sur toile et papier (les broux de noix), des sculptures, l’ensemble préparatoire des vitraux de Conques (600 000 visiteurs par an), des photographies, des livres, des archives. « Pour Pierre Soulages, l’idée d’un musée portant son nom à Rodez où il est né en 1919 est fondamentalement liée à sa nécessaire ouverture aux autres artistes, à la découverte de la création contemporaine », affirme Benoit Decron, conservateur en chef du patrimoine, Musée Soulages. « Je me suis toujours méfié des musées d’artistes où tout le monde se précipite pendant trois ans, puis qui sombrent dans l’oubli », assure Pierre Soulages, sirotant son jus d’orange, comme un enfant, à la paille. Ni « mausolée », ni « pensum muséographique », le musée Soulages s’annonce être un lieu de rencontres et d’expérimentations. Une invitation à « la surprise » et à «l’inhabituel », pour réveiller nos âmes endormies. Il faut entendre Pierre Soulages parler de sa passion pour les peintres primitifs, pour que la vie jaillisse, comme un torrent de lumière dans ses yeux inspirés. Là, où la beauté a élu rendez vous avec la lumière, comme si le noir, défini comme la non couleur, redevenait dans ses yeux, ses mains, l’expression ultime de la découverte, de l’étonnement, du devenir permanent. Entendre Pierre Soulages ce matin parler du noir, c’était tout simplement aller vers l’éclat de l’intelligence en mouvement. « Je préfère parler d’outre noir plutôt que de noir lumière. Il ne s’agit pas d’un phénomène optique, mais de quelque chose qui mobilise l’imaginaire. » 100 000 visiteurs sont attendus la première année.
Soulages, L’œuvre imprimé, sous la direction de Pierre Encrevé et Marie Cécile Miessner, coédition BNF/musée Soulages, 2011.
Couverture Soulages, L’oeuvre imprimée DR
Richard Dumas
2009 Gaston Bergeret
Fritz Pitz
Pierre Soulages, Eau Forte XXXIX,1994
Pierre Soulages, Eau Forte XXX, 1974
Musée Soulages, RCR Arquitectes