Le bleu des politiques
Aussi bien sur les costumes que les affiches, le bleu est partout. Leitmotiv des candidats et des partis, couleur consensuelle et valorisée, c'est aussi et surtout la couleur préférée des occidentaux. De quoi permettre aux politiques de donner du positif à leur image.
« Le bleu est idéal en politique, car il ne prend pas parti, il n’implique pas d’émotion et est rassembleur », explique Brigitte Gautier, analyste et consultante couleur. Valeur consensuelle, à la différence de celui qui apparaît en rouge, ou en vert, qui canalise son auditoire.
« Avec le bleu, les politiques ne prennent aucun risque, ils sont dans l’hypersécurisation de leur discours », ajoute la chercheuse, qui a également publié « Un coach pour un nouveau look ».
Pour Christian Delporte, historien de la communication politique, le bleu est la couleur de la République. Une couleur associée aux idées patriotiques. A l’origine: la « chambre bleue horizon », c’est-à-dire l’Assemblée constituée d’anciens militaires qui se sont battus pour la France pendant la Première guerre mondiale, bleue en référence à la couleur de leurs uniformes.
Une couleur positive
« Valéry Giscard d’Estaing a été le premier à essayer de se l’approprier, explique Annie Mollard-Desfour, linguiste-lexicographe au CNRS. Mais cela n’a pas pris. » Selon la chercheuse, c’est Nicolas Sarkozy, pour qui, il y a cinq ans, le bleu a été associé. Même dans l’affichage des résultats de l’élection présidentielle, l’UMP était colorée en bleu.
D’autres encore essaient de s’attacher cette couleur. Après le tricolore bleu-blanc-rouge, l’extrême droite apparaît depuis plusieurs années en bleu foncé, que ce soit dans l’affichage ou le décor des meetings. Pour Annie Mollard-Desfour, également présidente du Centre français de la couleur et auteur de la série « Dictionnaire des mots et expressions de couleur, XXe et XXIe siècles », le choix du bleu dans la campagne de Marine Le Pen « participe à sa volonté de dédiaboliser le Front national », en s’associant à cette couleur positive.
Céline Hussonnois Alaya
Affiche de la campagne présidentielle de François Mitterrand en 1981
Affiche de la campagne présidentielle de Jacques Chirac en 1981
Affiche de Nicolas Sarkozy pour la campagne présidentielle de 2012
Affiche du film « La dame de fer », qui retrace le parcours de Margaret Thatcher