Une photographe iranienne arrêtée

La photographe et réalisatrice iranienne Tahmineh Monzavi, âgée de 23 ans, a été arrêtée lundi 5 mars par les autorités iraniennes. Les motifs de cette arrestation, condamnée par le Quai d'Orsay, restent inconnus.

Célèbre pour son engagement politique, cette artiste se montre depuis plusieurs années très critique vis-à-vis de la société iranienne. Les derniers travaux de Tahmineh Monzavi s’intéressent, entre autres, à la situation des femmes marginalisées par la drogue ou encore le problème du manque de logements en Iran.
La maison d’édition parisienne Loco, qui a annoncé son arrestation, a publié mi-février son travail sur ces femmes sans domicile fixe, « La photographie iranienne, un regard sur la création contemporaine en Iran ». Un travail qui pourrait être à l’origine des ennuis de l’artiste.
Les charges retenues contre elle n’ont pas encore été clairement énoncées mais on peut se demander dans quelle mesure son combat contre les dysfonctionnements de la société iranienne dérangent les autorités.
« J’ai travaillé pendant un an et demi sur les femmes droguées, sans pouvoir finir le travail à cause de la situation particulière de l’Iran et du déni de ce phénomène, expliquait Tahmineh Monzavi. Je me sens néanmoins responsable de montrer ces anges cachés de la société iranienne. J’essaie de contourner ces problèmes et de m’approcher de leur vie privée. J’aimerais mieux connaître ces femmes qui vivent dans les quartiers les plus défavorisés, mais ce n’est pas facile de pénétrer les lieux où elles habitent. Si elles meurent, toute trace de leur existence disparaît. »
Au sujet de son travail récemment publié, elle disait : « Je cherche à montrer le contraste de la vie de ces femmes avec le reste de la société. Elles vivent en marge, comme si elles n’appartenaient pas à un même système social, culturel ou économique. Ces contradictions existent dans d’autres pays, mais elles sont plus violentes en Iran. J’essaie également de montrer la violence, qui fait beaucoup plus de victimes parmi les femmes, en partie à cause de leur place dans la société et de leurs familles. Je sens et crois fermement que ces femmes essaient d’être fortes, mais la façon dont elles sont traitées les rend souvent faibles et fragiles. »
Céline Hussonnois Alaya

Tahmineh Monzavi, série « Les femmes sans domicile fixe », 2009-2010

Tahmineh Monzavi, série « Les femmes sans domicile fixe », 2009-2010