SOUS LE SOLEIL EXACTEMENT
Il y a quelque chose de magnifique dans le projet: confier à quatre écrivains le soin de rédiger une nouvelle. Tahar Ben Jelloun, Adelaïde de Clermont Tonnerre, Marc Lambron, Leïla Slimani, se sont prêtés à la double invitation du Royal Mansour. En résulte un recueil joliment édité par Cassi Edition, et qui célèbre la ville rose sous toutes ses facettes. Celles, respectivement, d'une "rencontre avec la lumière", de "Mawakech", de "Strangers in the riad", de la "maison bleue". Ou comment, sous le soleil des souvenirs, l'imaginaire vient effleurer les mots, en ombrer les traits, pour faire revivre des personnages, ici une enfance, là des personnages surgis d'un mirage, tels Frank Sinatra ou Oum Kalsoum, au détour d'un riad. Ceux du Royal Mansour invitent à cette plénitude retrouvée, ce silence qu'il fait bon savourer de la place des treize palmiers au jardin de roses. Et c'est ainsi que Leila Slimani, épaissit le mystère d'un Orient sublimé, en montrant combien toute recherche est impossible, combien les parois du temps sont hautes pour qui cherche à escalader, à rationaliser, à retrouver des traces dans cette ville où tout est mémoire. Nous avons particulièrement aimé sa nouvelle, comme celle d'Adelaïde de Clermont Tonnerre, ressuscitant le pays des merveilles de ses aïeux: "Ils plongent les bras dans les fontaines et voudraient déjà s'y baigner, ramassent des lilas tombés au sol pour me les offrir et ont déjà repéré le bassin des carpes à qui ils offrent un morceau de leur gâteau de bienvenue". Ces délices, nous les partageons avec le même appétit que si nous étions à la table marocaine de ce lieu, où l'éden s'offre en version panoramique, avec pour nous combler, ces auteurs venus nous offrir le soleil de leur regard.