Jarrett Earnest, l’art au coeur du monde

1:1 est un nouvel espace d’art contemporain, inauguré ce printemps à New York, dont la particularité est d’être géré directement par les artistes. Vidéo, dessin, peinture, sculpture, performance… Le lieu multiplie les champs d’action et les projets, d’une collaboration avec la Kadist Foundation et leBerkeley Art Museum sur la relation entre l’art et la politique, à la toute première exposition du célèbre poète/activiste Peter Lamborn Wilson (Hakim Bey). Son fondateur, Jarrett Earnest, explique sa démarche.

Pourquoi ouvrir une nouvelle galerie d’art contemporain à New York aujourd’hui? Qu’y défendez-vous?
Nous ne souhaitons pas devenir une simple galerie contemporaine, motivée par des intérêts commerciaux. 1:1 est un espace alternatif géré par des artistes, qui n’a pas besoin de créer ou vendre des objets: nous fonctionnons grâce à des dons. C’est justement ce contre quoi nous voulons réagir: la corporisation du monde artistique. Nous essayons de mettre en avant les arguments esthétiques et conceptuels d’une nouvelle génération d’artistes, replacées dans le contexte de figures plus légendaires.
L’artiste contemporain que vous admirez le plus aujourd’hui?
J’aime tellement d’artistes, dans presque chaque médium ou courant esthétique… Je pense souvent aux travaux d’Andrea Fraser, à cause de son humour, de son intégrité et de sa confrontation directe avec les douloureuses réalités de la participation dans le monde de l’art contemporain en tant qu’artiste, conservateur, professeur ou écrivain. Récemment, elle a participé à la Whitney Biennial avec un essai qui était une vraie performance. Je crois surtout que c’est une vraie amoureuse de l’art, qu’elle essaye de défendre.
Vos trois derniers coups de cœur à New York?
Le peintre visionnaire Forrest Bess, la salle Robert Gober à la Whitney Biennial dont les œuvres ont été présentées chez Christie’s, les toiles lyriques de Ron Gorchov à la galerie Cheim&Read et enfin l’artiste conceptuel de San Francisco Paul Kos à la galerie Nyehaus.
Un monde sans artiste… A quoi ressemblerait-il?
E.M. Gombrich débute son Histoire de l’art avec ces mots : «il n’y a pas d’art, il y a seulement des artistes». Cela a beaucoup de sens pour moi. Baudelaire considérait l’art comme un comportement social. Comme lui, je pense que l’artiste occupe une position sociale spécifique qui est, au bout du compte, anti-utilitariste. Un monde sans artiste serait donc une organisation sociale et politique que nous ne pourrions reconnaître. Une utopie faite de plaisir pur, ou au contraire, une contre-utopie purement fonctionnelle.
Que peut-on vous souhaiter?
Notre plus grand souhait est que d’autres personnes viennent prendre part à l’aventure. Qu’elles nous rejoignent avec des idées et des actions excitantes ou compliqués, que nous n’avions surtout pas prévues.
1:1, 121 Essex Street, 2nd floor. New York NY 10002
http://www.1to1ny.com/

Une vue de l’espace 1:1