CHLOE JAY: directrice générale France de Van Cleef & Arpels

A la tête d’une équipe de 58 collaborateurs, Chloé Jay, entrée en septembre 2010 chez Van Cleef & Arpels, a été récemment nommée directrice générale France de la Maison. C’est la première fois qu’en plus de cent ans, un tel poste est créé au sein de la Maison, et qui plus est, confié à une femme. Une solide formation marketing dotée d’expériences dans l’univers des parfums (directrice de marque chez Kiehl’s France, chef de groupe parfums masculins chez Giorgio Armani International..) n’altèrent pas son sens de l’intuition, au service d’une Maison où le savoir faire et la création sont souveraines.

En devenant directrice générale de Van Cleef & Arpels, avez-vous opté pour de nouvelles priorités ?
Issue de l’école L’oréal, j’ai vite compris que tout ce que j’avais appris -des tests consommateurs aux études de panels- ne me serait d’aucune utilité au sein de Van Cleef & Arpels. Cette maison vit et vibre au gré de collections de haute-Joaillerie réalisées par nos mains d’or, nos maitres ouvriers joailliers. Notre priorité absolue est de célébrer la passion du métier. Avant, mon travail consistait à donner du sens là où il n’y en avait pas toujours et souvent au regard de la concurrence. On créait un discours. Ici le processus de création est si singulier, que le discours en découle naturellement, il est nourri de sens, d’histoire, de culture. Un jour, on peut être amené à travailler avec le Bolchoi la programmation en mai prochain du ballet Jewels inspiré par Van Cleef & Arpels et le lendemain avec le musée des Arts décoratifs, en vue de notre exposition patrimoniale à partir du 20 septembre.
Quelle est votre devise absolue en matière de management ?
Garder les pieds sur terre, se remettre en question. Opposer la pertinence à l’autorité, dans ce qu’elle peut avoir d’arbitraire. Si on veut continuer à construire, il faut que chacun trouve sa place au cœur d’une dynamique forte. C’est dans ce sens que je construis mon équipe, en amenant chacun à partager des enjeux communs. Qu’il s’agisse de l’ouverture de l’Ecole Van Cleef & Arpels, dédié au partage du savoir-faire joaillier, à celle de notre boutique aux Galeries Lafayette, mi-juin.
La faute suprême à ne jamais commettre ?
Ne jamais confondre projet et coup de poker. Il y a ici en particulier un fond qui résonne dans chaque initiative. Chez Van Cleef & Arpels, on ne mène des challenges que dans la mesure où ils sont liés à des thèmes inspirateurs sur une échelle de temps longue. Ce sens du partage s’impose naturellement, dans la mesure où cet art précieux au quotidien qu’est la joaillerie, nous inspire aussi beaucoup d’humilité.
En quoi le service dans les boutiques peut-il aujourd’hui évoluer ?
La clientèle de connaisseurs qui vient chercher la signature Van Cleef & Arpels, est de plus en plus exigeante et renseignée. Notre rôle est de réserver à chacune le même accueil, qu’il s’agisse d’un achat de haute-joaillerie ou d’une alliance. Parce que chacune de nos créations est faite à la main, en France et réalisée grâce à un savoir-faire maitrisé.
En septembre prochain, qu’aimeriez communiquer à chaque visiteur lors de l’exposition Van Cleef & Arpels au Musée des Arts décoratifs?
L’idée que cette maison développe, loin des archétypes obligatoires de la séduction, une vision nourrie de culture et d’enchantement. Il y a ici une subtilité, une délicatesse, un raffinement dont les montres poétiques, les ballerines de diamants, les oiseaux aux yeux de lumière sont les ambassadeurs au quotidien. Le but, c’est faire goûter à chaque visiteur ce charme unique à la française, pour que chacun, puisse repartir, avec l’envie que cette histoire continue et qu’il en soit fier.