Du côté de chez Kreo

Un lieu, un regard, un vrai style. Questions à Clémence Krzentowski, co-directrice avec Didier Krzentowski de la Galerie Kreo.

Espace laboratoire, lieu d’exposition dédiée à des objets et pièces de mobilier en série limitée crées par des designers et des artistes, la Galerie Kreo est un lieu, autant qu’un rendez-vous du goût. Fondée en 1999 par Didier et Clémence Krzentowski, elle défend un vrai point de vue à travers lequel le beau et la fonction échangent des affinités électives. Des frères Bouroullec à Hella Jongerius, de Marc Newson à Jasper Morrison, Martin Szekely ou François Bauchet (qui fait l’objet d’une exposition avec de nouvelles pièces, à partir de début février), la Galerie Kreo défend des choix et un regard reconnu par les collectionneurs internationaux, avec notamment le triomphe et la reconnaissance de Gino Sarfatti, concepteur de luminaires des années cinquante, qui a fait l’objet d’une rétrospective à la Triennale de Milan. Avec « Autour du Cou », des artistes comme Fabrice Hyber ou des designers comme les Bouroullec (avec un magnifique tour du cou en jaspe rouge) ont crée de très beaux objets à porter, à voir et à revoir comme des fétiches ultra sensuels. Il ne reste que quelques jours pour aller les admirer. Rendez-vous au premier étage de la galerie, dans lequel un nouveau petit salon a été aménagé, avec des chauffeuses signées Pierre Paulin, des luminaires de Gino Sarfatti, un magnifique meuble bas de Guermonprez, préfigurant un nouveau département vintage. Il n’est pas question de faire un pas en arrière, mais de célébrer les affinités, les liens, de multiplier les nouveaux chemins de traverse, comme pour retrouver le fil d’une conversation entre l’histoire et le présent, dont les arts décoratifs sont les ambassadeurs parfois fantasques, classiques et extravagants.
Vous êtes depuis toujours fidèle à Azzedine Alaïa, en quoi ses vêtements sont des complices au quotidien?
Les vêtements d’Azzedine Alaïa sont mes complices du jour comme du soir. J’ai une passion pour ses coupes, ses finitions, ses matières, spécialement sa maille… Pour moi c’est la perfection! C’est à la fois très pur et subliment raffiné, totalement intemporel. Et puis, j’ai toujours l’impression de me tenir, de marcher, de bouger différemment avec les vêtements Alaïa. C’est très sensuel. Je suis une inconditionnelle… C’est le plus grand!
Quel est à votre avis le pire faux pas en matière de mode? De style, de design ?
Le total look. Chaque personne est singulière. Pourquoi vouloir à tout prix entrer dans des codes? J’aime les associations, les mélanges qui expriment la personnalité de chacun.
A qui avez-vous envie de mettre le pied à l’étrier aujourd’hui?
A Wieki Somers… Une jeune designer hollandaise très talentueuse. Même si l’expression n’est pas tout à fait adaptée en l’occurrence, car elle est déjà en selle… mais son travail prend une force et une ampleur très particulières, tout en gardant une poésie infinie. Nous présenterons au printemps-été prochain son second solo Show à la galerie. Ce sera lumineux !
Votre dernier coup de cœur parisien?
Le restaurant Yam Tcha! Une cuisine subtile, savoureuse et légère réalisée par le chef Adeline Gratard. Courrez-y, c’est un délice.
Une œuvre qui vous a récemment mis au pied du mur?
L’autoportrait d’Antonin Artaud que nous avons exposé, grâce à la complicité de Marcel Brient, à la galerie. Un dessin d’une rare force, d’une très grande beauté, et d’une infinie tristesse aussi. Hypnotisant.
Un artiste dont la marche est à suivre?
Tatiana Trouvé. Son œuvre se déploie avec le temps d’une façon fantastique! Depuis ses premières expositions, au Palais de Tokyo, au 315 du Centre Pompidou, au Migros Museum jusqu’à sa grande installation à la Punta della Dogana à Venise… J’ai hâte de voir sa prochaine grande installation à New York, juste en face de Central Park. J’ai été très heureuse et très fière qu’elle participe à notre exposition de bijoux « autour du cou ». Son collier « Panta Rhei » en or rose est une merveille.
Quels sont les codes à briser?
Tous ceux qui enferment, ou réduisent les perspectives. Il faut toujours tendre vers plus de curiosité, d’ouverture et de liberté.
A qui avez-vous envie de donner un coup de talon aujourd’hui?
A tous ceux qui se soucient plus du marché que du contenu des œuvres…
http://www.galeriekreo.fr
http://www.yamtcha.com
Propos recueillis par L.B.