INTERVIEW PERCHEE: Charles Dantzig

« On n’a pas a être intimidé par le passé, ce porte parole suave de la mort». Ecrivain et poète, Charles Dantzig vient de publier « A propos des chefs-d’œuvre » (Grasset). Pour Stiletto.fr, il revient sur ses passions littéraires et cinématographiques. Questions.

« Il me semble qu’il y a une différence entre écrire et trépigner », écrivez vous. Quels sont les livres qui vous tombent des mains?
Les livres agressifs, les livres amers, les livres monotones, les livres réalistes, les livres journalistiques, les livres à sujet.
Et ceux qui vous élèvent ?
Un chef-d’œuvre nous élève au-dessus de nous-mêmes. Et nous nous en rendons compte tout de suite. Dans la vie habituelle, nous baignons dans un bain moyen. Les musiques sont moyennes, les images sont moyennes, les phrases sont moyennes. On ouvre un chef-d’œuvre, et tout de suite nous sommes enlevés de ce bain moyen et amenés sur les hauteurs. Enlevés, cela peut se dire ravis.
« Tout chef-d’œuvre est une rupture dans la monotonie de l’utile » : en quoi le goût des chefs d’œuvre est il un happening, une parade contre la médiocrité ?
Le chef-d’œuvre n’a rien à voir avec les autres. C’est lui et nous. Ce que pensent les autres est indifférent.
Les grand chefs d’œuvre appartiennent-ils au passé ?
Il y a trop de modestie relativement aux chefs-d’œuvre. On dirait qu’il faut s’excuser de les aimer, de les constater même, de penser qu’il peut en exister encore. Les vivants créent des chefs-d’œuvre. On n’a pas à être intimidé par le passé, ce suave porte-parole de la mort.
Le chef d’œuvre à lire en ce début 2013 ?
De redito suo, de Rutilius Namatianus (vers 420 ap. J.-C.)
L.B.