Lydia Guirous:  »Il y a un féminisme de droite, plus pragmatique »

Lydia Guirous, 27 ans, est la fondatrice et présidente de Future, au Féminin, un club de réflexion et d’actions pour la promotion des femmes dans le monde politique et de l’entreprise, fondé il y a deux ans.

Pourquoi avoir fondé Future, au Féminin ?
Je venais d’entrer dans la vie professionnelle et je me suis retrouvée face à une situation difficile, parce que j’étais une fille. J’ai été harcelée par un supérieur hiérarchique, cela a été l’élément déclencheur de mon engagement. J’ai voulu faire de cette mauvaise expérience quelque chose de constructif. Les discours féministes que j’entendais étaient d’un autre temps, du réchauffé du MLF qui ne correspondait pas à ce que je souhaitais entendre.
Quel féminisme défendez-vous ?
Je refuse que l’on considère les femmes comme des victimes. Certaines associations féministes font de la stigmatisation des hommes et de la victimisation des femmes leur fonds de commerce. Etre considérée comme une victime n’aide pas à avoir la pêche le matin et à garder une image valorisante de soi. J’ai voulu créer une association féministe pragmatique. A un problème, je veux apporter une solution. Et je veux que ce féminisme se fasse avec les hommes. Car ce sont eux qui ont le pouvoir dans les entreprises, aux postes de décision, et ce sont eux qui pourront mettre en place des solutions.
Votre objectif ?
A ma modeste échelle, je souhaite réveiller les filles de ma génération. Ce sont toujours elles qui renoncent et qui n’osent pas aller de l’avant, elles sont pourtant plus diplômées que les hommes. Je souhaite aussi bousculer un féminisme devenu dogmatique.
Pour ou contre la journée des droits de la femme ?
Il faut arrêter cette journée du 8 mars. Elle ne sert qu’à donner la parole aux politiques pour qu’ils se fassent bien voir. Ils font de beaux discours qu’ils oublient aussitôt le lendemain.
Favorable à un ministère de la Femme ?
Nous souhaiterions un ministère de la Promotion des femmes. Le problème aujourd’hui pour les femmes, c’est d’assurer leur promotion pour une réelle égalité, leurs droits ne sont pas remis en question.
Vous parlez d’un féminisme de droite ?
Il est vrai que nous avons des affinités intellectuelles avec l’UMP. Il y a un féminisme de droite, plus pragmatique, qui n’est pas celui de gauche. Les grands coups médiatiques organisés par certaines associations, comme La Barbe, me font sourire, c’est caricatural et ils décrédibilisent la question.
Votre première victoire personnelle ?
Je suis née en Algérie et originaire de Roubaix. Lorsque j’ai voulu entrer en classe préparatoire, après le baccalauréat, un de mes enseignants me l’a déconseillé « compte tenu de tes origines sociales ». J’étais pourtant la meilleure élève dans cette matière. Avoir été acceptée dans ce cursus a été mon premier acte féministe. Sans doute pour cela que j’ai développé une certaine combativité.
Interview Céline Hussonnois Alaya