LE TRAVAIL C’EST LA SANTE

Combinaison de charpentiers, blousons à bandes réfléchissantes, et même badges griffés: il suffit d'arpenter les boutiques de luxe pour comprendre que la mode de l'hiver est au workwear. Qu'importe les chiffres alarmants du chômage en France, la planète conso ne connaît pas de limite... Ici un modèle Prada..

Moins j’ai les mains dans le cambouis, et plus je m’habille comme les travailleurs urbains, en préférant la salopette plutôt que la soie de l’entre soi, la parka XL plutôt que le manteau de cachemire… A moi la tenue d’éboueur du samedi soir, la combinaison de charpentier des beaux quartiers. Pas mal non, l’idée de déambuler l’avenue Montaigne ou la cinquième avenue, en ayant l’air d’avoir fabriqué un chargeur sur pneu, ou essayé la dernière pelle mécanique de Caterpillar? Dans les années soixante dix, Agnès B, fut la première à faire de la fameuse combinaison en toile délavée de pompiste une sorte d’icône de la démode. Yves Saint Laurent avait déjà repris le vestiaire fonctionnel du marin, du militaire, pour donner au caban, comme au trench ou a la saharienne, une dimension urbaine, allier fonction et séduction. Aujourd’hui il faut brouiller les codes, pousser la tyrannie du « cool » jusqu’au bout dans un jeu de trompe l’œil qui laisse songeur. Alors que les écarts se creusent entre les riches et les pauvres, les nantis, dont l’existence est de plus en plus uberisée, servicielle, digitalement correcte, s’offrent un retour au réel sous influence: d’où l’appel de la terre, et aujourd’hui celles des villes, avec en must suprême, les working class heroes, derniers trésors vivants de la société post industrielle.

Photo:

Prada et Off White hiver 2018-2019

Off White, hiver 2018-2019

Voir tous les articles