Nathalie Falmet:  »Boire du champagne au dessert est une aberration »

Œnologue, Nathalie Falmet est à la tête d’un domaine de champagne. Après des études de chimie et un diplôme d’œnologie en 1993, elle reprend l’exploitation familiale et devient vigneronne à Rouvres-les-Vignes, dans l'Aube (Champagne-Ardenne). Elle est la première femme à avoir les titres de vigneronne et d’œnologue. Un métier encore majoritairement masculin, regrette Nathalie Falmet, qui remarque qu'une femme doit toujours faire plus ses preuves qu’un homme.

Votre premier champagne ?
Celui de mes parents. Je devais avoir treize ans. C’était une fierté pour moi de boire ce vin précieux et prestigieux. Un luxe, comme la première fois que l’on déguste du caviar.
A quelles occasions en buvez-vous ?
Souvent, et pas que pour les grandes occasions… Mais pas non plus à tous les repas ! Disons, une fois par semaine. Et je ne bois pas que mes champagnes ! J’apprécie les cuvées haut de gamme Taittinger, Laurent-Perrier ou encore Ruinart. J’aime les vins qui ont du caractère, vieillis ou travaillés, les cuvées élaborées.
La situation idéale pour boire une coupe ?
Le champagne, ça se boit à n’importe quelle heure ! C’est le vin, par excellence, de la séduction, du glamour et du chic. Il vaut mieux le boire en petit comité, car le bruit dérange la dégustation. Et surtout dans des verres très fins, pour la mousse et les bulles. Une bonne cuvée dans des verres larges, c’est un massacre…
Le faux pas à ne pas commettre ?
Traditionnellement, on boit le champagne à la fin du repas. C’est une terrible erreur ! Il sera d’autant plus apprécié à l’apéritif, ou avec des huîtres, par exemple. C’est le vin que l’on boit lorsque l’on a un peu faim. Avec de petits amuse-bouche, très simples, sans mayonnaise. Et des mets délicats, sans sauce ou sucre qui empâte la bouche. Ne surtout pas le boire au dessert. C’est une aberration ! Le sucre fait ressortir l’amertume. Oubliez le champagne après le café, trop fort. Et surtout pas de fumée de cigarettes ! Elle pollue son parfum.
Votre plus mauvaise expérience de champagne ?
Lors d’une réception, pleine de monde, obligée de boire du champagne chaud servi dans des verres épais, ça gâche tout… Vous savez, ce genre de champagne qui sent le soufre et donne mal à la tête le lendemain… Aujourd’hui, je ne me force plus. Quand le champagne est mal servi, je demande des verres fins, et s’il est mauvais, je ne le bois pas !
Un dernier conseil pour bien apprécier le champagne ?
C’est avant tout un art de la dégustation, mais aussi une éducation. Cela s’apprend. Essayez d’éduquer votre palais à détecter des arômes, reconnaître des parfums de fraise, groseille, cerise ou poivron, vous pourrez alors dire que vous avez le nez fin !
Interview Céline Hussonnois Alaya