Militante du luxe

Aux Etats-Unis, la moyenne nationale est de 64 nouveaux vêtements achetés par an et par personne. Elizabeth Cline, journaliste américaine, était abonnée aux magasins de déstockages et aux ventes discount où elle achetait de nouvelles "fringues" presque chaque semaine. Une prise de conscience s’impose à elle: pourquoi dépenser une fortune pour une armoire remplie de pièces portées une fois, fabriquées à l’autre bout du monde dans des conditions humaines et écologiques déplorables. Forte de ses expériences pour New York Magazine, Popular Science ou The New Republic, elle décide de lever le voile sur ce marché mystérieux qui remplit les rayons des magasins de vêtements à seulement quelques euros. Interview express à l’occasion de la parution de son premier ouvrage, "Overdressed: The Shockingly High Cost Of Cheap Fashion", publié aux éditions Penguin Portfolio.

Une découverte choc lors de votre enquête?
Le tas de 18 tonnes de vêtements empilés dans les locaux de l’Armée du Salut près de chez moi: c’était les restes de seulement trois jours de donations qui ne pouvaient être vendus et qui allaient être envoyés chez des recycleurs de textiles. Il y a beaucoup trop de dons de produits de mauvaise qualité qui ne peuvent être réutilisés.
Qu’est-ce que le luxe selon vous?
Quand on parle de mode, le luxe n’a selon moi rien à voir avec la marque. C’est une question de belles matières et de savoir-faire. Le luxe est quelque chose de très personnel, seule la personne qui porte ce vêtement au doux tissu et aux finitions impeccables peut ressentir cette sensation de bien-être.
Votre livre incite à opter pour des vêtements indémodables. Quelles sont vos pièces intemporelles favorites?
J’ai une veste doublée en soie Helmut Lang faite ici aux Etats-Unis que j’adore et qui va vraiment avec tout. J’essaye de choisir des vêtements et accessoires qui ont un design vraiment unique, et qui ne se démoderont pas.
Une paire de stilettos dont vous ne nous séparerez jamais?
Je mesure 1m75 donc je ne les porte pas souvent, mais ce sont de magnifiques stilettos « nude » de 8 centimètres de talon. Ils sont d’excellente qualité, mais je ne sais même plus de quel créateur ils viennent car la marque s’est effacée après de longues années de loyaux services.
“Overdressed: The Shockingly High Cost Of Cheap Fashion” d’Elizabeth Cline, 256 pages aux editions Penguin Portfolio. http://overdressedthebook.com/
Alice Bouleau