LE BRACH PARIS NEW COOL

Loin des protocoles, une  bienveillance venue  couper court à toutes les postures du service étoilé. Au coeur du seizième arrondissement parisien, dans un décor de Philippe Starck, une belle et vraie réussite signée Emmanuel Sauvage, directeur général du groupe Evok Hotels.

« Redonner de la légèreté, enlever le côté ensuqué des grands hôtels, créer des « lieux de destination », tel est le motto d’Emmanuel Sauvage, attentif à civiliser la planète « cool », tout en transmettant l’héritage de l’école hôtelière, (il mime le geste des ongles nets à montrer chaque matin): « La rigueur c’est la base. L’important c’est de ne pas en faire un carcan ». Au Brach, le nouveau fleuron du groupe Evok Hotels Collections qu’il dirige, l’oreillette bien branchée, il veux que ses clients se sentent « comme dans un cocon ». Un défi lancé à l’automne pour attirer en même temps riverains et voyageurs. Un mot d’ordre au personnel: « Soyez gentils et pros ». Les tatoués sourient. « Dites moi tout ». « Au plaisir ». Aujourd’hui, le voici aux commandes du Brach, l’ancien centre de tri postal de la rue Jean Richepin, métamorphosé par Philippe Starck en havre urbain. Livres partout, lampes Vallauris, fauteuils de cuir miel, éclairage beige doré, la signature s’impose en douceur dans un lieu associé à un « style de vie », phalanstère rive droite pour la tête et les jambes. Emmanuel Sauvage jure qu’il n’y a pas de charte, pas de « process »: « on marche à l’affect, tout le monde est solidaire ». Reboosteur de tradition, Emmanuel Sauvage a gardé à quarante et un ans, l’énergie de ceux qui faute d’avoir eu de jeunesse, semblent la célébrer en permanence. Trois ans d’internat à l’école hôtelière, il fonce très jeune dans la vie active. Il n’a que vingt cinq ans lors qu’il prend la direction du Marceau Bastille. En 2014, lorsque l’investisseur Pierre Bastid choisit de s’imposer dans l’univers du luxe (chalets à Courchevel, rachat du restaurant du Palais Royal..), c’est à ce meneur stratège qu’il fait appel, pour ouvrir notamment le Nolinski en 2016. « Je ne suis pas insouciant. Je sais ce que je veux. »

Entrepreneur ambianceur, incubateur de concepts étoilés, « moyen au collège », il s’est construit en observant, l’oeil en éventail. Fort d’une éducation transmise par ses parents, les vacances dans de beaux hôtels, « pas luxueux, mais familiaux ». « Jamais de clubs, jamais de pizzeria, ni de menu enfant » précise l’épicurien cent mille volts, un « évocateur d’émotions », qui n’hésite pas à faire le service le soir, « en période de rodage ». Un pied cassé cet été, dix kilos de plus à tout goûter, tout tester, de la salade de carabineros XXL aux gâteaux du MOF Yann Bris. Un chantier colossal, pavlova de 59 chambres et suites avec terrasses bio, de 25 m2 à presque dix fois plus. Une méga maison de verre et de palissandre où les masques africains, les photos et les livres choisis par Emmanuelle de Boisson composent un intérieur néo moderniste, mezze méditerranéo-californien à Paris..

 

Là où toute l’époque, jus détox et graines de chia, feuilles de tétragone et cours de boxe, watsu, nutrition anti âge, mixology et espuma de patate douce semblent se condenser au royaume de la sympattitude: le mode chez soi en mieux. Effectivement on s’y sent bien. Voilà quatre ans qu’Emmanuel Sauvage travaille sur le projet du Brach, inauguré le 16 octobre dernier à deux pas de la rue de la Pompe, avec son aéropage de chasseurs à casquette de basketteurs, une piscine de 25 mètres ouverte au public sur abonnement, des tongs à effigie, du Pétrus millésimé, un naturopathe et un barbier… Du café à 3,50 euros à la suite à 10 000 euros, le grand écart fait partie de la gymnastique quotidienne de cet homme-lieu qui refuse les machines à expresso dans les chambres et défend le service en mode « cool », tout en vouvoyant ses collaborateurs, à l’ancienne, éducation oblige. Son plus grand plaisir? « Voir un enfant turbulent apaisé quand on lui transmet quelque chose de beau et de bon »: « nous sommes là pour faciliter la vie de nos clients, offrir du plaisir, des émerveillements. Des moments de vie. Des beaux souvenirs. L’important, c’est que tout roule ».  Les suites ont des noms de champions, René, Suzanne, Georges, Alfred… Les projets s’enchaînent. Une résidence d’appartements de luxe place des Vosges, un hôtel à Venise, un autre rue du Temple pour 2019, « Le Sinner » avec accès aux chambres à la bougie, des vitraux, du noir mystère orchestré par Tristan Auer.. L’oeil sur tout, Emmanuel Sauvage supervise le restaurant autant que le club de sport (1 000 m2), dont il a refusé de confier la gestion à un tiers, pour mieux imposer la « patte » maison, à travers le métier du coach Willy O’ Hara. On ne peut qu’apprécier la qualité du lieu, de l’accueil, de la salle de gym au plus grand jacuzzi parisien.  « J’ai la vision globale, même si je ne connais pas la discipline de chacun » assure Emmanuel Sauvage. Bérénice, le coucou de Rennes, Eglantine la brune, Suzie au plumage gris cendré semblent même lui sourire quand il lance aux poules du Brach « Salut les filles ». « Elles m’apaisent »: chaque matin, il vient donc les saluer sur le toit terrasse potager de grand père.. Cueillir quelques branches de romarin et de basilic en contemplant la tour Eiffel, et si le luxe était d’abord une expérience?

Le Brach 1-7 rue Jean Richepin, 75116 Paris.

www.brachparis.com