LOLA RYKIEL , POMPOM GIRL

Outsider de la fashion week, la petite fille de Sonia Rykiel lance sa marque : Pompom. une histoire d’amour qui rime avec velours toujours. Rencontre avec une Parisienne cosmopolite.

« Plus l’époque est dure, et plus je mets du doux » disait Sonia Rykiel, dont le fantôme n’en finit pas de hanter la rive gauche . Créée en 1968, sa maison a fait l’objet d’une liquidation cet été. Emportées les mailles à l’envers et les lettres de strass, la saga de « la reine du tricot » qui avait créé sa griffe parce qu’au départ elle ne trouvait rien à se mettre. De fil en aiguille, une autre histoire renait, menée de front par l’une de ses trois petites filles, Lola, de retour à Paris après neuf ans passés à New York dont six dans la communication de S .R Elève à l’école de Martha Graham dans les années deux mille dix, elle rêvait de devenir danseuse. Aujourd’hui, avec sa griffe « Pompon », Lola (33 ans), a décidé de « faire coucou » à celle qui ne l’a grondée qu’une seule fois dans sa vie. « Elle était toujours aimante, jamais intrusive. La voir, c’était une fête. Elle reste pour moi une Reine » Pas de nostalgie chez cette Capricorne au corps sculpté par des années de yoga et de Pilates, mais juste une envie d’habiller les filles de son époque. Charrue, bateau ou demi lune ? Ici pas de postures ni de mode d’emploi, mais des cache cœur « En retard », des leggings « Caresse », et même des débardeurs « Goutte d’eau » brodes de paillettes iridescentes  : vendue sur Instagram (@pompon.paris ), et chez The Place London à Paris, une garde robe justement pensée et faite pour celles qui ne trouvent pas la bonne tenue, avant ou après le sport. « J’ai créé cette collection en pensant à ce qu’on veut oublier : rencontrer par exemple son boss ou son ex en allant à la salle de sport ». Brassière, top zippé, pantalon fluide à la Pina Bausch, chaque référence porte le nom d’un moment ou d’une expression, d’un trait de caractère, « têtue » en tête… « Quand j’étais petite, après l’école, je retrouvais plusieurs fois par semaine ma grand-mère et ma mère au 175 boulevard Saint Germain. Je m’asseyais en tailleur dans le grand studio au premier étage par terre avec mon goûter, à côte de mamie, et dessinais avec ses gros feutres dont j’adorais l’odeur sur du papier blanc que je lui chipais. J’essayais presque tout ce qu’il y avait sur les portants de disponible et “d’attirant” (rose, paillettes, plumes,) pour moi.,  du bracelet porte épingles de Zouzou, la première d’atelier, aux chaussures à talons plateformes dorées beaucoup trop grandes, les boas, les marabouts.. ses pulls devenaient des robes. Ma grand-mère me laissait jouer et essayer avec tout pendant qu’elle travaillait avec concentration ».

Pompon ? Sa petite madeleine donc, histoire de « continuer à être élégante en étant relaxée » : « ma soeur et moi portions beaucoup de velours, c’était doux, c’était confortable mais ça faisait  habillé. Les coutures étaient évidemment à l’envers et je devais expliquer et ré-expliquer à l’école aux élèves et aussi à la maitresse, que oui, je savais m’habiller et que c’était fait exprès! J’étais souvent en noir et je me rappelle qu’une une copine m’avait confié que ses parents ne trouvait pas bien d’habiller en noir les enfants. Moi j’aimais ça et j’aimais quand il y avait sur ce noir des strass ou des fausses pierres multicolores accrochées ». Pompon aimante des passions familiales : le gout des pointes et des arabesques hérité de la sœur de Sonia (Janine Stanlowa qui avait créé l’école de danse parisienne reprise par ses filles), celui du yoga qu’enseigne Tatiana (la deuxième sœur de Lola) à Paris. Pompon reste une alternative à l’ athleisure  et aux démons siliconés de l’activewear. Des tenues « amples et sexy à la fois », d’autres plus moulantes, mais à mixer avec de l’oversized et à porter à la maison, dehors, le jour, la nuit… Certes, les Américaines ont donné le la. « Mais ça reste trop technique, et souvent lié au brulage des calories… » ironise cette croqueuse de chocolat.  Entre le vieux jogging et la brassière fluo, il y a un univers que les marques comme Lululemon la Canadienne ont largement balisé . Lola Rykiel vient apporter sa touche parisienne, aussi légère qu’une plume, un pompon en somme. « Un vestiaire versatile relié à la danse et au velours de mon enfance » Elle poursuit : « Ma grand-mère me demandait souvent de dessiner des tenues qu’elle me promettait de me réaliser ensuite. Moi je rêvais de rose Barbie, de robes de fées, de paillettes, et j’essayais de faire entendre raison à mamie qui faisait défiler des mariées en jogging et des femmes en baggy de crêpe noir. Je rêvais de couleurs flash et de tenues girly. Une fois je lui ai dessiné une robe de princesse, énorme, rose à froufrous, inspirée surement de Sissi impératrice et/ou de « mon petit poney. ».  Quelques mois plus tard, pendant les essayages , elle me montre un immense pull oversize avec écrit dans un intarsia “PRINCESS” :   “voilà Louloute j’ai réalisé ton dessin”… J’étais tellement fâchée ce jour là. Mais je donnerais tout pour retrouver ce pull aujourd’hui. »

 

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