Michèle Rivasi: »Il faut dégager Sarkozy »
Michèle Rivasi, 59 ans, est la porte-parole d'Eva Joly, la candidate des verts à l'élection présidentielle. Eurodéputée Europe Ecologie-Les Verts, elle a également été députée de la Drôme de 1997 à 2002. Farouchement engagée contre le nucléaire, elle est la fondatrice de la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD), qui a vu le jour en 1986, après la catastrophe de Tchernobyl.
Comment va Eva Joly ?
Très bien, elle est en pleine forme et incroyablement courageuse. Malgré sa chute, elle continue. Les enjeux sont si importants qu’elle ne lâche rien.
Et comment se passe la campagne ?
Europe Ecologie est toujours un peu cassé dans les sondages et le débat n’est pas digne d’une élection présidentielle. Il n’est pas au niveau des grands enjeux du dérèglement climatique.
L’écologie, une priorité pour les Français ?
Notre programme a des difficultés à entrer dans le débat. On n’a pas su montrer que par l’écologie verte, on pourra développer des emplois, et que cela touchera au pouvoir d’achat. Il faut que l’on soit plus pédagogue. Dans l’esprit des Français, l’écologie se limite à la biodiversité et non au développement d’un nouveau modèle de société fondé sur le partage. On s’imagine que c’est un luxe. Mais l’écologie, ce n’est pas que pour les bobos, ça touche avant tout aux problèmes quotidiens des plus précaires. Mais la conscience écologiste a progressé, elle doit se manifester dans les urnes.
Votre objectif pour l’élection présidentielle ?
Eva n’a pas la prétention de devenir présidente. Mais de montrer que son projet peut apporter des solutions. Il y aura donc un rapport de force avec le Parti socialiste. J’appréhende le premier tour avec angoisse, tout va dépendre de l’intelligence du PS. S’il ignore l’écologie, il perdra dans cinq ans. Mais d’abord, il faut dégager Sarkozy.
N’y a-t-il pas un paradoxe à être candidate sans vouloir être élue ?
Non, l’élection présidentielle, c’est la proposition de projets pour les cinq années à venir. Notre objectif, c’est de faire le score le plus important au premier tour pour faire peser l’écologie dans le prochain gouvernement.
Qu’attendez-vous du Parti socialiste s’il gagne les élections ?
J’attends que François Hollande fasse de l’écologie une économie verte. Car il ne s’agit pas que d’espaces verts dans les villes, de défense des oiseaux et de protection des fleurs. L’écologie doit être au centre d’une politique globale: comment faire baisser les charges énergétiques ? Comment prévenir les maladies ? C’est du concret. C’est vivre mieux et partager davantage. Vu l’actualité, avec la pollution de l’air, la fuite de gaz en mer du Nord, il serait difficile de fermer les yeux. Si Hollande n’entend pas ces sirènes, c’est qu’il est autiste.
Interview Céline Hussonnois Alaya